Mais de nombreux efforts restent à faire pour lutter efficacement contre les activités illicites dans ces forêts, rappelle l’Unesco.
Des progrès ont été effectués en matière de protection des richesses naturelles après l’exécution du projet «Plan d’appui d’urgence au site du patrimoine mondial forets humides de l’Atsinanana», mis en œuvre par l’Unesco pendant 26 mois, avec l’appui financier du gouvernement de Norvège. Ce financement est évalué à 1 031 814 Usd. Les statistiques suivantes en apportent les preuves: réduction de 15,5% du nombre de coupes de bois précieux dans le bien entre 2014-2016, réduction de 33,96% de la superficie de forêts primaires défrichées durant la même période (avec un taux de défrichement inférieur à 0,01%: indicateur recommandé par le Comité du Patrimoine Mondial). Sans oublier l’augmentation de la superficie surveillée pour les parcs de Marojejy et Masoala, toujours dans la même période. «Certes, certains objectifs fixés par le projet n’ont pas été atteints, mais les résultats obtenus sont non moins encourageants, vu qu’en général, trois sur les quatre résultats attendus ont été obtenus. Car faut-il rappeler que l’on n’a plus enregistré aucune coupe de bois de rose après l’intervention du projet. Les coupes concernent seulement le palissandre et les bois d’Ebène. Par ailleurs, nous avons fait quelques réalisations, entre autres, l’installation du logiciel Smart dans tous les parcs gérés par Madagascar National Parc, la création de 28 projets à caractère socio-économiques pour les communautés locales », confie Rintsamahefa Rabemanantsoa, responsable du projet. A propos de ce nouveau logiciel, 81 agents de parc et 56 chefs des comités locaux de parc (CLP) ont été formés sur la collecte de données Smart, selon le rapport de l’Unesco. «N’oublions pas non plus l’augmentation de la superficie surveillée à 792 carreaux ou parcelles de surveillance pour les deux parcs pourrait expliquer la hausse du nombre des pièges à lémuriens découverts, soit 112 en 2015, contre 68 en 2014», rajoute-t-elle.
Recommandations. Cependant, du chemin reste à faire pour sortir le bien «forêts humides de l’Atsinanana» dans la liste des patrimoines mondiaux en péril, en y ayant été inscrit en 2010. «A plusieurs reprise, nous avons pu capturer des chasseurs de lémuriens. Nous les avons aussitôt remis aux autorités compétentes. Mais seulement à quelques jours, ils ont été déjà libérés. C’est tout simplement de la corruption. Ce qui ne manque pas de nous décourager», a témoigné l’un des surveillants des réserves naturelles, membres des CLP. L’Unesco vise à rétablir le Valeur universelle exceptionnelle (VUE) des deux parcs. Mais pour y arriver, il fait appel au gouvernement malgache pour la réalisation des nombreux défis à surmonter, entre autres, l’ineffectivité de l’application des lois et sanctions sur les délinquants, l’absence des agents assermentés au sein du MNP pour la verbalisation des auteurs des actes illicites. «Il faut appliquer ces lois qui permettent de lutter efficacement contre les délits dans les forêts», recommande l’Unesco. D’ailleurs, lors de la 35e réunion du Comité du Patrimoine mondial, quelques recommandations ont vu le jour, à ne citer que la finalisation du recensement de tous les stocks de bois existants et les placer sous saisie immédiatement, l’élimination de l’ensemble de ces stocks dans un délai d’un an à compter de la saisie, sans possibilité de restitution des stocks.
Arnaud R.