Midi Madagasikara fête ses trente et un an. Le quotidien d’information voyait le jour pour la première fois, le 18 août 1983. Il franchit aujourd’hui le premier jour de l’année de ses 32 ans en toute confiance en l’avenir. Un Magazine a été offert au public pour ses 30 ans. Il donne une idée de l’entreprise à travers ses départements et son personnel ainsi que du processus de la fabrication du journal. Bâti sur le thème « Passé, présent et avenir », des personnalités issues du monde politique, économique, culturel, social et sportif y livrent leur point de vue. Nous ne remercierons jamais assez le ciel d’avoir veillé sur Midi Madagasikara pendant tout ce temps. Le journal a survécu à bien des péripéties. Il a été et demeure le témoin de tous les régimes qui se sont succédé depuis sa création. Des régimes qui ont chacun leur manière d’appréhender la liberté de la presse.
Fragile liberté
Midi Madagasikara, né sous le régime socialiste du président Didier Ratsiraka, a vécu la censure de la presse dans sa forme directe. A l’époque, un service du Ministère de l’Intérieur assurait la censure. Aucun article ne pouvait être publié dans le journal du lendemain sans avoir obtenu l’autorisation du Censeur. Sur les trente ou quarante articles au quotidien, certains ne sont pas rendus, sans qu’aucune explication officielle ne soit délivrée. Le comble est que le journal doit paraître le lendemain comme s’il n’avait pas du tout été censuré. Les pages blanches ne sont pas autorisées. C’est une époque qui demandait souvent aux lecteurs de savoir lire entre les lignes pour s’informer. Didier Ratsiraka a supprimé la censure verbalement. Mais la loi 90 031 sur la communication voit le jour. La censure n’a pas totalement été abolie. Elle est toujours présente mais de manière indirecte. Le régime du Pr Zafy Albert n’a pas changé d’un iota cette loi sur la communication sans décret d’application. Il l’a appliqué à l’endroit de la presse. Les droits et devoirs des journalistes et les sanctions à leur encontre pour des délits de presse sont pourtant lourds en peines d’emprisonnement et en amendes pour traduire leur responsabilisation. Cette loi répressive est toujours en vigueur jusqu’à ce jour. Le régime de Marc Ravalomanana l’a maintenue. La période de Transition de même. Les abus de pouvoir tels que les fermetures de stations de TV et de radios, les emprisonnements de journalistes, ainsi que diverses pressions des dirigeants pendant ces régimes successifs sont autant d’obstacles sur la route de la démocratie. En ce jour d’anniversaire qui commence l’année de ses trente deux ans, Midi Madagasikara ajoute sa voix à tous ceux qui plaident pour le respect de la liberté de presse et d’expression et pour la dépénalisation des délits de presse. On ne devrait plus envoyer de journalistes en prison, pour un «mot ou une phrase ».
Zo Rakotoseheno