L’Ambassadeur de France François Goldblatt a appelé dans son discours du 14 juillet de l’année dernière au sursaut national à partir d’un constat désolant des affres du sous-développement qui interpellent chacun de nous. « Le peuple malgache ne pourra pas durablement comprendre ou accepter qu’après 53 ans de souveraineté, le revenu par tête ne soit que le centième de ce qu’il est au Nord de la Méditerranée. Il ne pourra pas tolérer éternellement que moins de 10% des terres cultivables soient effectivement exploitées, et que ce pays, vaste comme la France augmentée du Benelux, se contente de surfaces arables 6 fois inférieures à celles sur lesquelles peuvent travailler les agriculteurs français. Combien de temps encore les mères de famille malgaches pourront-elles accepter que 35% des décès d’enfants de moins de 5 ans soient liés à la malnutrition ? Qu’un enfant de moins de 5 ans sur deux souffre d’insuffisance pondérale, et que plus de la moitié enregistre des retards de croissance ? Combien de temps encore les pères de famille de ce pays pourront-ils tolérer que 35% de la population rurale soient affectés par l’insécurité alimentaire, et que la moitié de la population des pôles urbains vive en-dessous du seuil de pauvreté ? Que 7 personnes sur 10 n’aient pas accès à l’eau potable, et que 4 ménages sur 10 ne disposent pas d’installations sanitaires ?»
France, quel message ?
Comme la communauté internationale, la France a souhaité à cette époque la tenue des élections présidentielles. Celles- ci ont été réalisées dans des conditions démocratiques. Madagascar est revenu depuis maintenant six mois à l’ordre constitutionnel. 14 juillet 2014, quel sera cette fois-ci le message de la France ? Sur le plan économique, rien n’a encore vraiment commencé pour pouvoir changer le constat de l’année dernière de l’Ambassadeur de France. Les résultats sont maigres quoique prometteurs avec les promesses d’aide des bailleurs de fonds et la volonté affichée par le gouvernement d’atteindre un taux de croissance de 7% cette année. L’objectif apparaît quelque peu irréaliste dans un climat politique qui n’est pas encore suffisamment stable. En effet, à l’assemblée nationale, les groupes parlementaires ne sont pas encore au complet. Les rivalités politiques s’accentuent entre HVM au pouvoir, Mapar et mouvance Ravalomanana devant les perspectives électorales. Mais, l’espoir se fonderait non seulement sur les résultats des grandes mines mais aussi sur la production des forages pétroliers de Tsimiroro et l’intégration à l’AGOA. En effet, si le pays devient producteur et exportateur de pétrole, qu’il crée des dizaines de milliers d’emplois en entreprises franches pour l’exportation vers les Etats-Unis, le taux de croissance décollera d’ici la fin de l’année. Comment la France voit-elle l’évolution de la situation ? La balle est dans le camp de son Ambassadeur.
Zo Rakotoseheno