Le discours de l’ambassadeur de France a duré 24 minutes. Presque une demi-heure. Une occasion pour le diplomate d’exposer son point de vue sur la situation qui prévaut dans la Grande île.
A l’occasion de la fête nationale française mais également du 225 e anniversaire de la prise de la Bastille, l’ambassadeur de France François Goldblatt a parlé de la politique extérieure de son pays et de sa vision sur la Grande Ile, hier, à la Résidence de France, à Ivandry. Sur ce dernier point, le diplomate de s’exprimer ainsi, « nos efforts et les vôtres seront vains, si ce qui est accompli en termes de modernisation économique ne s’accompagne pas d’une authentique révolution des mentalités et des pratiques. C’est le fléau de la mauvaise gouvernance qui, plus qu’ailleurs, ronge votre pays ». Et d’enchaîner que « l’application à Madagascar du concept de bonne gouvernance ne sera salvatrice pour la Grande Ile que si celle-ci est intégrée, jour après jour, dans les pratiques concrètes des décideurs, et cela avec une authentique conviction ». Notamment la lutte contre le trafic de bois de rose. Les efforts en matière de lutte contre la corruption seront plus spécifiquement mesurés par la France et la communauté internationale à l’aune de ce qui sera fait sur ce dossier brûlant. En un mot, l’ambassadeur est pour « une guerre totale contre la corruption ». Et qui devrait aboutir à son éradication.
Nouvelle souffle. L’ambassadeur a tenu à souligner que malgré qu’une nouvelle brise souffle depuis quelques mois sur la Grande île, des nuages subsistent. Dans la même foulée, « Madagascar doit savoir résister aux vertiges de la crise permanente. En guise de première priorité, terrassez la tentation de la corruption, et la prospérité économique ainsi rendue possible vous le rendra au centuple. Madagascar peut et doit se mettre en mode constructif ». Concernant le régime actuel, les points de vue du diplomate semblent positifs. En faisant remarquer que « les premiers progrès enregistrés depuis le début de l’année témoignent d’un changement d’approche, salutaire, dans la manière de traiter les problèmes de la Grande île. A une approche marquée par la prévarication et l’accaparement, a succédé une approche caractérisée par la méthode, la patience, la sérénité, la pondération, la constance, la rationalité et l’intégrité ». Le tout devrait être couronné par la révolution des mentalités.
Première visite. Par ailleurs, François Goldblatt n’a pas manqué de faire un petit rappel de la situation de la Grande Ile au mois de juillet 2013. « Souvenons-nous de l’indifférence, exhibée sans retenue, aux souffrances et aux attentes de la population, et de la cupidité érigée en mode de gouvernement ». Pour conclure, « à la violation persistante, dans votre pays de la règle de droit…Ceux qui pensaient pouvoir s’octroyer sans limites des mandats non validés par le peuple de Madagascar finissent par lâcher prise ». Le diplomate voudrait-il faire allusion au régime précédent ? Quant aux dirigeants actuels, et plus particulièrement au chef de l’Etat, la déclaration de l’ambassadeur est sans équivoque. A preuve, le président de la République française inviterait le président malgache à se rendre en France, pour une première visite dès le mois d’août et un second déplacement officiel dès cet automne. Une position confirmée d’ailleurs par ces propos de l’ambassadeur, « ce rêve d’un retour à l’ordre constitutionnel, vous l’aviez réalisé… Ceux qui vous ont accompagnés dans cette démarche longue et éprouvante, et la France parmi eux au premier chef, se tiennent, aujourd’hui comme hier, résolument aux côtés du président Rajaonarimampianina, aux côtés du Premier ministre, aux côtés du gouvernement et aux côtés du peuple malgache toute entier ».
Dominique R.
