De passage à Antananarivo, l’ancien Premier ministre de la HAT a accepté de répondre à nos questions à propos de la situation politique du moment. Interview.
Midi Madagasikara : Que pensez-vous du processus de réconciliation nationale en cours ?
Camille Vital : « Le dialogue reste toujours une bonne chose. D’autant plus que la culture malgache encourage le « Fihavanana » et la réconciliation. Cependant, il ne faut pas oublier que nous vivons actuellement sous une nouvelle République. La Constitution doit être appliquée et respectée. Le « Filankevitry ny Fampihavanana Malagasy » (FFM) a été créé pour diriger ce processus. Je me demande pourquoi le FFKM dirige seul la réconciliation. J’espère que les deux entités vont trouver une entente pour donner plus de crédibilité à ce processus. En outre, à mon avis, l’implication de Marc Ravalomanana est un handicap pour cette démarche. Même les mystères autour de son retour en catimini constituent un problème majeur. En tant qu’Officier supérieur, je tiens à noter que Madagascar n’est pas du tout un passoir où tout le monde peut entrer et sortir selon sa guise. A moins que l’ancien président ait signé un accord secret avec les dirigeants actuels avant de rentrer. Toutefois, j’estime que le fait d’entamer une réconciliation ne signifie pas cessation des procédures judiciaires. Madagascar est un Etat de droit. La Justice doit être libre pour faire son travail. Personnellement, je suis contre son assignation à résidence fixe à Faravohitra. Il ne devrait bénéficier d’aucune mesure exceptionnelle, ni d’un traitement de faveur. D’autant plus que dès son arrivée, Ravalo a déjà lancé des propos virulents contre le régime en laissant entendre qu’il refuse d’attendre 2018 pour revenir au pouvoir ».
M.M : A votre avis, est-il nécessaire de procéder à un remaniement gouvernemental ?
C.V : « En tant qu’ancien chef du gouvernement, je ne suis pas en position de juger le gouvernement actuel, ni de dresser un bilan pour ses 10 premiers mois. Le président de la République sait certainement prendre la bonne décision. Nul n’ignore cependant que jusqu’ici, le quotidien du peuple malgache est toujours caractérisé par la recrudescence de l’insécurité, les problèmes de délestage et une pauvreté alarmante. Trop occupé pour chercher à regagner la confiance des bailleurs de fonds étrangers, le régime semble avoir oublié les affaires nationales et la souffrance de la population ».
M.M : Si le président Hery Rajaonarimampianina décide de vous accorder sa confiance, est-ce que vous être disposé à adhérer au prochain gouvernement ?
C.V : « C’est difficile de se prononcer sur la question. En tant que membre de la Plate-forme qui a été présentée à Ambodivona le 11 décembre 2014, le « Hiaraka Isika » ne peut pas décider seul. Avant de prendre une position, nous devrions consulter les autres entités politiques membres de cette Plate-forme. La décision doit être prise d’une manière consensuelle. Je tiens seulement à préciser que cette alliance a été mise en place, non pas pour s’opposer au régime, ni pour mener des actes de déstabilisation, mais plutôt pour contribuer aux actions de développement au profit de la population ».
M.M : Votre point de vue concernant la nomination dernièrement de 59 nouveaux Officiers Généraux ?
C.V : « Il est vrai que la nomination de Généraux est une décision politique. Cependant, c’est triste de constater que certains Officiers Généraux qui ont pourtant mérité d’être promus de part leurs années de port de grade aient été écartés. C’est le cas entre autres de l’ancien CEMGAM, le Général Ndriarijaona André et de l’ex-COMGN, le Général Richard Ravalomanana. Les deux poids deux mesures risquent de provoquer une grogne et de favoriser la division au sein de la Grande muette ».
Propos recueillis par Davis R