
Madagascar peut aussi tirer son développement grâce à la géodiversité. C’est du moins ce dont est convaincu le Dr Souleman Ibrahim Andriamandimby, enseignant-chercheur à l’Université d’Antananarivo au sein de la mention Géologie appliquée au développement et non moins Directeur du Centre de recherche en géologie.
Exploitation maximale
À l’occasion de la Journée internationale de la géodiversité, instaurée par l’UNESCO en 2021, cet homme de science milite sur l’exploitation maximale des richesses liées à la géodiversité qui inclut aussi bien les ressources minérales du sous-sol : saphirs, or, minerais que les richesses géologiques visibles, telles que les Tsingy de Bemaraha, l’Isalo ou encore les reliefs volcaniques uniques. « C’est à travers notre secteur que s’écrit l’histoire de cette géodiversité exceptionnelle », souligne le Dr Souleman qui constate que l’immense potentialité naturelle répartie dans les 119 districts du pays ne produira pas grand-chose si elle reste enfouie et mal connue. « Les ressources ne sont pas des richesses tant qu’elles demeurent inexploitées. Notre rôle, en tant que chercheurs, est d’abord de les faire connaître pour que les Malgaches en bénéficient pleinement, et non les étrangers. », ajoute le Dr Souleman qui estime par ailleurs que Madagascar souffre d’un déficit de gouvernance. « La transparence, la communication et la lutte contre la corruption constituent les maillons fragiles d’une chaîne de valeur qui devrait profiter à tous, de l’État jusqu’aux populations locales. Dans certaines petites exploitations, les dérives vont jusqu’au travail des enfants ».
Défis persistants
Pour preuve, il cite l’exploitation de l’or à petite ou grande échelle qui illustre les défis persistants, en raison notamment d’une absence de responsabilités claires, d’une gouvernance défaillante, ainsi que des faibles retombées locales malgré les ristournes et redevances prévues par la loi. Le scientifique estime également que le respect des normes environnementales fait partie des préoccupations. Concernant plus particulièrement la radioactivité liée à l’ilménite, le chercheur précise que contrairement aux discours alarmistes trop souvent prononcés par des politiciens, le taux observé reste en dessous des seuils internationaux. Une manière d’expliquer qu’avec ces immenses ressources dont l’exploitation n’est pas aussi dangereuse qu’on le laisse croire, Madagascar peut réussir son développement « Avec le Code minier de 2023, le pays vise à promouvoir aussi bien les grandes que les petites mines. Pourtant, sur le terrain, seules deux grandes exploitations sont pleinement opérationnelles à ce jour (Toamasina et Fort-Dauphin). Il y en a une troisième à Toliara mais elle règle encore quelques points », toujours selon le Dr Souleman qui reste convaincu qu’à l’instar des exploitations responsables répertoriées partout dans le monde ; Madagascar peut aussi réussir dans ce domaine. L’enjeu est désormais humain et organisationnel.
Plateforme nationale
C’est d’ailleurs, dans cet esprit que le Dr Souleman et ses pairs suggèrent la création d’une plateforme nationale de dialogue sur la gouvernance des ressources géodiversité et biodiversité confondues afin de définir clairement les rôles, les responsabilités et les normes avant tout lancement de projet. Enfin, la valorisation locale constitue une priorité : « Madagascar doit entrer dans l’industrialisation, transformer ses produits ici et créer de la valeur ajoutée. Plus nous exportons des produits transformés, plus notre PIB augmente », conclut le Dr Souleman Ibrahim Andriamandimby.
R.Edmond.




