La décarbonisation de l’économie est devenue une nécessité avec les effets du changement climatique qui ne nous laissent guère le choix. Une transition juste et maîtrisée doit pourtant être mise en place par les pays concernés, car les conséquences de la décarbonisation de l’économie doivent être gérées rationnellement par les pays producteurs de combustibles fossiles.
Impacts. Comme conséquences, citons entre autres, les conséquences économiques à court terme : la baisse des revenus des combustibles fossiles au fil du temps et la réduction potentielle des ressources en énergies fossiles. Pour se rendre compte de cela, il suffit d’observer les bouleversements- bien que relativement mineurs- occasionnés par la récente décision des pays de l’OPEP à réduire leur production quotidienne de barils de pétrole. Comme défis, la décarbonisation de l’économie, qu’il faudra faire tôt ou tard, implique aussi des changements rapides et une revue à la hausse de la compétitivité en termes de nouvelles technologies énergétiques et de l’industrie verte. Ceci à la fois pour saisir toutes les opportunités de croissance verte et de réduire au maximum les risques d’émission de carbone. Cependant, les impacts varient en fonction du pays et du stade de production des combustibles fossiles, du type et de l’ampleur des réserves et de la répartition de la production entre les exportations et l’utilisation intérieure.
Diversité. Ainsi le contexte, les défis et les opportunités ne sont pas les mêmes selon que les pays soient des producteurs établis (Nigéria, Afrique du Sud et Angola), ou encore en début de croissance et émergents (Ghana, Mozambique et Kénya. Sans oublier le cas malgache caractérisé par une apparente tergiversation et une valse entre la phase d’exploration et d’exploitation, tantôt un pas en avant, tantôt deux pas en arrière et ainsi de suite. Par ailleurs, le fait que l’Afrique émette peu de carbone et fasse pourtant partie des plus touchés par les changements climatiques, ravive quelques résistances au niveau régional, par rapport à la transition énergétique. Cependant, les pays peuvent atténuer les risques nationaux liés à la production de combustibles fossiles et soutenir le développement économique dans le respect des ambitions climatiques et de croissance verte s’ils ont accès à des informations précises et opportunes. Aussi, leurs capacités à incorporer les ambitions climatiques dans l’élaboration de leur politique à long terme (de manière multi-sectorielle) doivent également être renforcées.
Expertise. Saian Bradley de la Chatham House (Institut royal des Affaires internationales), fondation politique indépendante basée à Londres estime par exemple qu’il est possible pour les pays africains producteurs de combustibles fossiles de réussir leur transition énergétique en mettant en œuvre des plans de réduction des émissions à long terme jusqu’en 2050. Cependant, elle rajoute aussi : « Le plus grand challenge est de trouver l’équilibre entre la recherche d’une croissance économique et les projets d’adaptation et de mitigation, d’un développement durable, et de progresser peu à peu vers la transition énergétique. Mais cela reste possible ». Par ailleurs, au-delà de toutes les spécificités techniques et politiques, la lutte contre la pauvreté et la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles uniques du continent africain sont aussi considérées comme importants dans le processus. Rose Mwebaza, Chef du service des Ressources naturelles de l’African natural resources center et Glada Lahn, chercheuse senior en développement et en environnement, les ont toutes deux reconnues comme telles. Notons aussi que le financement et l’assistance au développement multilatéraux et régionaux peuvent aider à atténuer le risque de carbone dans la planification en amont, qu’elle soit énergétique, industrielle, ou encore économique. Tout comme des approches plus larges et mieux coordonnées du risque carbone, sachant que la fourniture d’émissions nettes zéro carbone aura des impacts significatifs sur les exportations de combustibles fossiles et sur la compétitivité des filières énergétiques et industrielles basées sur les combustibles fossiles, avec des impacts positifs pour l’ensemble de l’économie, la société et bien évidemment l’environnement.
Luz Razafimbelo