
Dans un communiqué, le Porte-parole du gouvernement, Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo a dénoncé une initiative personnelle sans concertation.
» Cette démarche de s’adresser aux Chefs d’agences et Institutions partenaires du Développement sanitaire relevant d’une décision stratégique n’a jamais été prise ni au niveau du Conseil du gouvernement ni au niveau du Conseil des ministres et le ministre des Affaires Étrangères n’a pas non plus été saisi comme il est d’usage dans ce genre de correspondance « . C’est la réplique du gouvernement suite à la » Requête urgente pour l’appel à la lutte contre la pandémie du COVID-19 » que le ministre de la Santé publique a adressée aux partenaires techniques et financiers. En effet, la riposte du gouvernement n’a pas tardé. Selon un communiqué signé par le Porte-parole du gouvernement, la ministre de la Communication et de la Culture, Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo, » Il s’agit d’une initiative personnelle prise par le ministre de la Santé sans concertation « . Une déclaration qui se présente comme un désaveu du Professeur Ahmad Ahmad par le gouvernement et l’Exécutif. Certainement, Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo n’aurait pas fait ce communiqué sans le feu vert du président Andry Rajoelina et du Premier ministre Ntsay Christian. Le communiqué exprime même la consternation du gouvernement face à cette décision unilatérale du ministre de la Santé publique. Le porte-parole du gouvernement ne mâche pas ses mots et pointe du doigt l’incapacité du premier responsable de la Santé publique et de son équipe à gérer convenablement la pandémie du coronavirus. » Le contenu de cette lettre reflète l’état de débordement dans lequel se trouvent le ministre et son entourage « , soutient le communiqué. Et d’ajouter qu' »à la lecture des besoins urgents listés en annexe de cette lettre de requête, force est de constater que nombreux points cruciaux dans la gestion de cette crise sanitaire ont échappé à la vigilance du ministère de la Santé publique « .
Echec. En quelque sorte, le gouvernement dénonce l’échec du ministre Ahmad Ahmad et de son équipe dans la gestion du COVID-19. Un échec reflété par les grognes qui se font entendre à travers les réseaux sociaux, notamment à propos de la lenteur de la publication des résultats des dépistages, ou encore les problèmes autour de l’accueil des patients dans les hôpitaux. Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo rappelle les mesures déjà prises par l’Etat pour améliorer la gestion du COVID-19, notamment par la mise en place à Antananarivo et dans les autres régions touchées par la pandémie, de centres de traitement et de centres médicaux qui ont permis d’augmenter de 100% en deux mois la capacité d’accueil des malades. Des efforts ont également été fournis pour augmenter la capacité de dépistages par la création du Laboratoire d’Analyses Médicales Malagasy (LA2M) et la dotation d’un centre de prélèvements et de tests à l’hôpital HJRA.
Demandes. Le gouvernement considère aussi comme » incompréhensible » la décision du Professeur Ahmad Ahmad de demander 1.201 concentrateurs d’oxygène aux Institutions partenaires alors qu’il sait déjà que l’Etat a déjà pris la décision d’importer 2.400 concentrateurs d’oxygène équipés de tous les matériels nécessaires et que ces équipements seront réceptionnés à Antananarivo dans les jours qui viennent. En effet, dans sa lettre, le ministre de la Santé publique formule une demande urgente de 35.350 kits de prélèvements par le diagnostic par PCR et 35.350 kits d’analyses par PCR , 4.000 TDR à anticorps, 337 respirateurs, 1.201 concentrateurs d’oxygène 12 litres, des bouteilles d’oxygène, 600 masques à haute concentration, 600 manodétendeurs, 2.603 oxymètres de pouls, ainsi que des médicaments tels que de l’azithromycine et de l’hydroxychloroquine. Il a aussi demandé des équipements de protection individuelle dont 968.600 masques FFP2, FFP3 et N95, 57.000 visières de protection, 2.300.000 masques chirurgicaux, 697.000 paires de gants, ainsi que 533.200 surblouses. Ahmad Ahmad demande aussi auprès des Institutions partenaires des primes et indemnités pour les agents de santé, comprenant des primes et motivation pour les agents au front et des indemnités de risques pour tous ceux qui participent à la lutte contre le coronavirus.
Carences. Le communiqué signé par la ministre de la Communication et de la Culture affirme pourtant que l’état des stocks des équipements de protection individuelle remis au gouvernement par le ministère la Santé n’a pas du tout évoqué une insuffisance de ces équipements. Pour enfoncer le clou, Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo affirme dans le communiqué que le président de la République et l’ensemble du gouvernement sont en connaissance des doléances des patients qui sont confrontés à des difficultés notamment la non-gratuité des soins, la longue période d’attente des résultats des tests, l’insuffisance de places dans les hôpitaux, le manque d’orientations claires dans l’accès aux soins… » Des difficultés dues essentiellement à des carences dans la gestion de la pandémie du COVID-19 « , martèle-t-on.
Démission. Durant la journée d’hier, ce communiqué qui pointe du doigt ouvertement l’inefficacité de l’équipe du ministère de la Santé a fait le buzz sur les réseaux sociaux. Comme à l’accoutumée, bon nombre des facebookers se sont rangés derrière le Professeur Ahmad Ahmad. Le hashtag » Je suis Ahmad Ahmad » a occupé les photos de profil. Pourtant, pas plus tard qu’il y a deux semaines, ce membre du gouvernement a été attaqué de toute part et accusé d’avoir failli à sa mission. Hier, tout le monde s’attendait à ce que le décret relatif à l’abrogation de sa nomination soit pris, comme ce fut le cas lors de l’affaire de l’ex-ministre de l’Education nationale, Rijasoa Andriamanana. Sauf qu’hier, il n’y a pas eu de Conseil des ministres par visioconférence. Des rumeurs sur une démission possible du ministre concerné ont toutefois circulé dans la journée mais ceci n’a pas encore été confirmé. Bon nombre d’observateurs estiment que le Professeur Ahmad Ahmad semble dépassé par les évènements. Des sources gouvernementales ont laissé entendre qu’à maintes reprises, il a déjà annoncé en Conseil des ministres qu’il est prêt à quitter son » seza « . Mais pour l’heure, il reste le ministre de la Santé. Quoiqu’il en soit, cette affaire risque de fragiliser davantage la solidarité gouvernementale et porter atteinte à la stratégie de gestion du COVID-19. Ce jour, la Fédération syndicale du ministère de la Santé va rencontrer la presse, certainement afin d’exprimer leur solidarité à leur ministre. Histoire à suivre.
Davis R