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vendredi, novembre 22, 2024
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Gestion durable des ressources marines : La success story de la Baie d’Ambodivahibe

La centrale solaire remise officiellement aux communautés d’Ampondrahazo et d’Ambavarano, permet aussi d’éclairer les habitations dans ces villages.

La baie d’Ambodivahibe, un endroit paradisiaque offrant un paysage splendide, est surtout une zone exceptionnelle de biodiversité marine et terrestre située à une trentaine de kilomètres de la ville d’Antsiranana, région DIANA, dans la partie Nord de Madagascar. Ce lieu qui, par ses caractéristiques uniques, comporte des écosystèmes naturels incluant d’une part les mangroves, les récifs, et surtout la baie, et d’autre part, la forêt littorale, est devenu depuis décembre 2015 une Aire marine protégée (AMP). L’ONG Conservation International (CI) s’est particulièrement investie dans les démarches permettant d’obtenir ce statut. Des activités visant à préserver l’environnement marin y sont menées par CI auprès des populations locales depuis plus de dix ans. La dernière en date est la mise en place d’une centrale solaire au profit des pêcheurs d’Ampondrahazo et d’Ambavarano, deux fokontany de la Commune de Mahavanona, pour leur permettre de conserver leurs produits de pêche, et d’en améliorer ainsi le prix tout en gardant la qualité. Par la même occasion, cette centrale solaire permet d’alimenter en électricité les habitations environnantes.   

Maman’i Jean, fière d’exhiber l’un de ses produits de pêche, les crabes.

Les communautés locales de la baie d’Ambodivahibe vivent principalement des activités de pêche – plus particulièrement la pêche aux poulpes. Elles ont déjà commencé à voir, il y a quelques années, leurs activités décliner et les écosystèmes se détériorer en raison de l’exploitation irrationnelle des ressources marines. L’établissement de l’aire marine protégée (AMP) d’Ambodivahibe en 2015, a contribué au renforcement des activités de conservation de la zone, et de réglementer les activités de pêche. Ce, après que CI ait mené pendant plusieurs années des actions de sensibilisation des communautés de pêcheurs sur la nécessité de gérer de manière durable les ressources marines, et de préserver l’environnement marin. Démarche qui a rapidement porté ses fruits. Par la régulation des activités de pêche, en observant une période de fermeture momentanée pendant quelques mois, les pêcheurs ont rapidement constaté les résultats : les captures ont grimpé en flèche. Les prises à l’ouverture de la pêche ont totalisé huit tonnes en 2017, si elles étaient de 670kg quelques années auparavant. Afin d’éviter que ce développement des activités de pêche ne soit victime de son succès, des infrastructures de conservation des produits ont été récemment mises en place à Ampondrahazo, dans la Commune de Mahavanona : une centrale solaire permettant de conserver plusieurs tonnes de produits – ainsi qu’une machine à glace – remise officiellement le 8 novembre 2019. L’infrastructure permet également d’alimenter en électricité 65 habitations d’Ampondrahazo et d’Ambavarano, le fokontany voisin.

L’eau de ce puits alimente plusieurs ménages, l’eau potable faisant encore défaut dans la localité.

Extension. En dix ans d’activités dans la baie d’Ambodivahibe, Conservation International  et les communautés ont vu le changement se concrétiser dans cette zone. « Toutes les activités menées ici viennent des communautés elles-mêmes. Nous leur avons seulement apporté des soutiens et des innovations afin de les aider à mieux préserver les ressources naturelles, tout en développant leurs activités et améliorant leurs conditions de vie. C’est dans ce cadre que s’inscrit l’un des plus grands challenges qui consistait à accompagner les pêcheurs vers la professionnalisation, afin qu’ils puissent améliorer leurs revenus et dépasser le stade de la pêche de subsistance », explique Yacinthe Razafimandimby, chef de bureau régional de Conservation InternationaI dans la région DIANA. Des activités alternatives tel l’élevage caprin, leur ont été proposées à travers des formations, afin d’assurer aux ménages des revenus convenables durant la fermeture de la pêche. Depuis, les pêcheurs disposent suffisamment de ressources pour développer en parallèle les deux activités. Les pressions sur l’environnement marin s’en retrouvent nettement réduites.

Forte de ce succès, CI prévoit de renforcer ses activités dans l’AMP d’Ambodivahibe. Entre autres perspectives, l’extension de celle-ci vers le Sud, et l’électrification de la zone d’extension sont sérieusement envisagées, ainsi que le renforcement des activités de développement de l’écotourisme bleu dans la localité.

Une embarcation dotée de deux moteurs hors bord, remise aux communautés par le ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, afin de surveiller les zones de pêche et éviter les pillages des ressources marines.

Maman’i Jean, un exemple à suivre. « Maman’i Jean » fait partie des femmes pêcheurs du fokontany d’Ambavarano dans la Commune de Mahavanona. Conseillère au sein de l’une des associations féminines de la localité, Fikambanan’ny  Vehivavy Miray Hina, est l’exemple de réussite en matière de gestion durable des ressources marines. Femme pêcheur, elle s’est également investie dans d’autres activités, dont l’élevage caprin, le maraîchage et l’accueil des touristes. Ayant bénéficié de formations dans ces domaines, elle met en pratique ses acquis et est en passe de gagner son pari de faire prospérer ses activités. De la formule « dormir chez l’habitant », la seule qu’elle peut proposer pour l’instant mais qui trouve preneur beaucoup plus qu’elle ne le croyait au début, elle est en train de concrétiser son projet de construction de bungalows en dur pour recevoir les touristes. En parallèle, elle continue à élever des chèvres et à cultiver des brèdes dans un petit lopin de terre. De quoi subvenir largement aux besoins de son ménage. « Le peu que j’ai réussi à accomplir jusqu’à maintenant, j’aimerais que d’autres femmes de ma communauté parviennent aussi à réaliser pour que mon village se développe et que les gens ne soient plus très pauvres. En ce qui me concerne, je ne m’arrêterai pas en si bon chemin », confie Maman’i Jean. Son vœu le plus cher : voir enfin arriver dans son village un système d’adduction d’eau potable, le seul élément majeur qui lui fait défaut dans le développement de ses activités « écotouristiques ».   

Dossier réalisé par Hanitra R.

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