
Ancien ministre de la Communication et analyste politique, il livre ses points de vue concernant la course à la mairie de la capitale.
QUESTION (Q.) : L’allure des campagnes est-elle le reflet des enjeux que revêt ces élections communales et municipales ?
Gilbert Raharizatovo (G.R) : Il y a d’abord une élection à deux vitesses. Les vrais combats électoraux sont dans les grandes villes et les districts dans leurs limitrophes .Dans les communes des contrées reculées, la tradition fait que c’est le régime en place qui domine et cela pour diverses raisons que d’aucuns n’ignorent. Par contre, ces élections vont déterminer le vrai rapport de force dans le paysage politique après les flous engendrés par l’absence des élections à la base depuis trois ans. Ce rapport de force va dicter le remodelage des paysages politiques qui, à son tour, dessine le contour des élections présidentielles de 2018. Pour ces diverses raisons, les enjeux sont énormes .Les grosses pointures se livrent à de vraies batailles rangées dans les circonscriptions électorales qui ont des vraies influences sur la géopolitique interne comme les communes des villes principales et secondaires. Dans ce schéma, Antananarivo représente un cas totalement à part.
Q : Justement à tort ou à raison, on parle des élections à très haut risque dans la capitale. Pour quelle raison selon vous ?
G.R : Il y a depuis un certain temps une tradition qui fait que l’élection communale à Antananarivo est une tête de pont vers la magistrature suprême. Le risque pour le régime en place est dedans. Si la capitale tombe dans l’escarcelle de l’opposition, l’opinion est déjà conditionnée par les événements antécédents comme en jurisprudence dans le domaine judiciaire. Dans le cas actuel, deux forces de l’opposition menacent le régime et sont représentées dans la course à la mairie. A mon avis, ces deux forces sont les composantes principales des deux événements majeurs à l’Assemblée nationale qui ont failli provoquer l’effondrement du régime. L’une ou l’autre présentent un danger réel au Régime de Rajaonarimampianina avec une différence notoire quand même, car si c’est le Mapar qui gagne, la marée orange sera tintée des affaires très personnelles et son déferlement ne se fera pas attendre.
Q : Le candidat d’ouverture Hery Rafalimanana soutenu par le HVM constitue-t-il une solution idoine pour éviter le pire ?
G.R : Une vérité absolue dans le contexte délétère actuel, mais je ne sais pas du tout les véritables forces et chances dont il dispose en ce moment. Je m’étonne même que le HVM se montre un peu frileux à Antananarivo. Je pense qu’il bénéficie d’un atout important quand même avec l’inquiétude généralisée de la population tananarivienne qui redoute encore d’une crise engendrée par une éventuelle élection d’un candidat de l’opposition pure et dure qui engendrerait un très mauvais rapport entre la ville et le pouvoir central et les conséquences qui en découlent. Antananarivo qui en a assez des crises optera pour un candidat qui incarne la paix et la stabilité. Son expérience pourrait intéresser aussi l’électorat tananarivien.
Propos recueillis par D.R