
En suspendant le tarif Optima, jugé très pénalisant pour les consommateurs, le gouvernement tient avant tout à préserver les intérêts de la population. Mais les exigences de la Banque mondiale ne lui facilitent pas le travail.
Le 29 janvier 2020, le Conseil des ministres a pris une résolution dont l’objectif principal était d’éviter la hausse des tarifs de l’électricité. Ladite résolution donnait à la Jirama un délai de 48 heures pour rectifier les factures dont les montants étaient jugés excessifs, suite à la fameuse grille tarifaire Optima.
Source de joie
Une résolution qui a fait le bonheur des usagers dont les dernières factures reçues au cours du mois de février ont été revues à la baisse. Une source de joie, en somme, pour les consommateurs dont le pouvoir d’achat est actuellement trop faible pour assumer une hausse des tarifs de l’électricité. Une joie douchée cependant par cette menace de la Banque mondiale de revoir sa copie en ce qui concerne ses aides à Madagascar. Concrètement, si les responsables malgaches ne renoncent pas à cette initiative de préserver le pouvoir d’achat de la population, en maintenant les tarifs de la Jirama à un niveau raisonnable, la Banque mondiale sera amenée à réduire, et même à suspendre, le financement de certains projets de développement. Il s’agit, dans le cas d’espèce, du financement à l’appui des politiques de développement pour la riposte à la pandémie de Covid-19 à Madagascar, à hauteur de 75 millions de dollars, ainsi que du programme de gouvernance des infrastructures et connectivité vitale d’un montant de 400 millions de dollars.
Nécessaire
En tout cas, l’attitude de la Banque mondiale n’a pas manqué d’indigner une frange de la population qui se demande pourquoi ce bailleur de fonds se montre si exigeant, alors que le gouvernement malgache, en maintenant les tarifs de l’électricité à un niveau raisonnable, à travers cette résolution, pense avant tout à l’intérêt de la population. Certes, la subvention provoquée par ce genre de résolution provoque des pertes de recettes non négligeables, mais toujours est-il qu’elle s’avère nécessaire, non seulement pour préserver le pouvoir d’achat des consommateurs, mais également pour ne pas pénaliser les industries locales. En effet, le coût de l’énergie à son prix actuel rend les entreprises moins compétitives. C’est pour cette raison, d’ailleurs, que les subventions de carburant et de l’électricité restent une pratique courante, notamment en Afrique Subsaharienne. Les pays développés, eux-aussi, n’hésitent pas à subventionner dès qu’un secteur vital est touché.
Défaillance
En somme, la subvention de l’électricité demeure indispensable à Madagascar. Sur ce point , l’on apprend que les discussions se poursuivent entre les autorités malgaches et la Banque mondiale afin de trouver une solution à cette crise. Une crise qui pourrait aussi trouver son origine dans une défaillance de la Jirama. A lire cette lettre qui a fuité. La Jirama a visiblement manqué aux règles protocolaires. En effet, lors de la réunion virtuelle entre les responsables de la Jirama, le 26 janvier, « il a été convenu que la direction de la Jirama, envoie pour avis de la Banque mondiale, une communication par lettre officielle, résumant les options propices d’ajustements temporaires avec une analyse de l’impact financier de chacune des mesures proposées ». Une démarche que les dirigeants de la Jirama ont omis de réaliser puisque « le 4 février, au lieu d’une lettre officielle incluant une analyse requise pour avis de la Banque mondiale, la Jirama avait communiqué des ajustements temporaires très conséquents par simple email, mettant la Banque mondiale devant des faits accomplis, sans spécifier ni la durée des mesures temporaires, ni leur impact financier ». Une défaillance qui pourrait coûter cher.
R.Edmond.