Face à la crise sociale qui prévaut, le gouvernement de Christian Ntsay est fortement sollicité. La majorité à l’Assemblée nationale se demande si un remaniement serait réellement la bonne solution ?
L’état-major politique s’est donné à cœur joie pour aborder le sujet d’un remaniement qui retentit de plus en plus ces derniers jours. Même la majorité en parle, et laisse entendre que ce projet se profile à l’horizon. Christine Razanamahasoa, présidente de l’Assemblée nationale, ne le nie pas et aborde la question avec un ton nuancé. « Un éventuel remaniement relève de la seule compétence et appréciation du président de la République » , a annoncé cette tête de file de la majorité à l’Assemblée nationale, mercredi dernier, lors de l’ouverture de la session extraordinaire du parlement.
Solution. Elle, qui réclame alors que ses collègues députés soient « considérés » si l’opportunité d’un remaniement se présente, se demande pourtant si un changement dans la formation du Premier ministre Christian Ntsay serait réellement la solution à la crise. En tout cas, la présidente de l’Assemblée nationale défend l’Exécutif et soutient que « le gouvernement est à pied d’œuvre ». Contrairement aux propos de certaines formations politiques qui voient des failles dans le bilan du gouvernement en place et estiment que « le changement du gouvernement est un moyen » pour désamorcer la crise.
Intérêt. Les prétendants se bousculent alors au portillon et la crise est une aubaine pour eux de manifester leur intérêt pour une « ouverture » au sein du gouvernement. Des partis, en effet, annoncent à demi-mot leur souhait d’y entrer pour « résoudre la crise sociale actuelle qui prévaut ». Comme l’UNDD de Régis Manoro ou le parti MFM d’Olivier Rakotovazaha. Ces partis historiques, qui avaient disparu des radars médiatiques depuis plus d’une décennie en perdant leur envergure, sortent de leur mutisme et annoncent leur disponibilité « pour le dialogue », a affirmé l’UNDD, et pour « mettre en place un gouvernement qui dispose d’un plein pouvoir », a avancé le MFM.
Limite. Et si le gouvernement subissait alors un changement dans sa mouture, « ce changement ne veut pas forcément dire cohabitation avec l’opposition », a analysé le père Prospère Ratovomanana. Ce dernier estime que « le gouvernement actuel a montré ses limites pour gérer la conjoncture » et « le changement ne pourra être qu’un salut pour le régime », martèle-t-il. « Il est urgent de répondre aux problèmes sociaux actuels au lieu d’errer dans les projets qui n’auront pas d’impacts directs sur le quotidien de la population », a-t-il avancé.
Pression. Dans un contexte où le bruit d’un remaniement est devenu alors insistant, l’opposition, elle, rejette toute idée de cohabitation avec le régime. « Nous ne songerons pas non plus à cohabiter avec le régime », a soutenu Marc Ravalomanana, leader de l’opposition, lors de son intervention durant l’émission « miara-manonja ». Son mouvement ne compte donc pas intégrer le gouvernement si un remaniement a lieu et qu’il est sollicité. Les multiples sorties médiatiques de l’opposition ainsi que les manifestations de ces dernières semaines ont été prises par les observateurs comme une manière de faire pression au régime afin d’ouvrir une porte dans le gouvernement. Ce qui n’est pourtant pas encore le cas jusqu’à présent.
Rija R.