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vendredi, juillet 4, 2025
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Grand-Amphi d’Ankatso : Pause-Café des Nobels à la recherche de solutions pour Madagascar

Le Pr Mamy Ravelomanana, avec le Prix Nobel d’économie, Joseph E. Stiglitz.

Août 2004, Joseph E. Stiglitz, est appelé à la rescousse, invité par le régime, qui six mois auparavant, introduit une détaxation. L’Ariary s’est dépréciée de près de 60%, les spéculateurs s’en sont donnés à cœur- joie.

Beaucoup d’opérateurs privés anticipant cette dépréciation et l’inflation, qui allait s’ensuivre, ont emprunté auprès des Banques et acheté des voitures 4×4 et autres matériels dès l’annonce de la détaxation, amplifiant le phénomène. Comble de malheur, le régime annonce que cette politique ne durera que deux années déclenchant, une course aux importations et à l’emprunt. « Deux aspects primordiaux de la politique économique ont été totalement ignorés, la crédibilité et la cohérence des politiques monétaire et fiscale : il aurait fallu ne pas annoncer la durée de la détaxation et relever immédiatement les taux d’intérêts », a noté le Pr Mamy Ravelomanana, membre fondateur du CREM (Cercle de Réflexion des Economistes de Madagascar). Si l’on revient à l’histoire, le lendemain de son arrivée, le Nobel 2001 prend rendez-vous avec les Professeurs Andrianomanana Pépé, Ravelomanana Mamy, Ramiarison Hery et Raveloson Harimisa pour avoir leurs avis, démarche que jamais les dirigeants malgaches n’ont entreprise. Feu Andrianomanana conseille de refixer le taux de change par paliers, Stiglitz proposera au Gouvernement malgache une solution proche mais moins abrupte : le flottement dirigé.

Options. D’après les propos du Pr Mamy Ravelomanana, la crise révèle des failles déjà dénoncées en 2001 par le Centre d’Etudes Economiques lors d’une étude conjointe avec l’Université de Harvard : un système financier totalement obsolète, une politique monétaire utilisant des instruments de marché en absence d’un marché financier (aucun marché de matières premières, aucun marché des dérivés pour la couverture contre les risques en particulier de change ou de taux d’intérêt, aucun registre de crédits… jusqu’à ce jour). L’idée du monde que Paul Romer cherche à promouvoir au président Marc Ravalomanana, en 2008, est celui dans lequel les pays cèdent des portions de leurs territoires à un pool de technocrates et d’entrepreneurs pour créer des villes d’une dizaine de millions d’habitants : les « charters cities ». Romer citent régulièrement deux exemples pour étayer ses propos. Le premier concerne la péninsule de Hong-Kong dont les Britanniques ont forcé la cession par le Traité de Nankin en 1842 et qui a été rétrocédée à la Chine en 1997. « La péninsule est caractérisée par le libre-échange, une fiscalité réduite, une industrie et des services financiers florissants et surtout une administration extraterritoriale », explique le Pr Mamy Ravelomanana. Le second exemple est resté une fiction : la baie de Guantanamo aurait été vendue aux Canadiens par les Américains. En accord avec Castro, les Canadiens font appel à des entrepreneurs privés pour ériger une grande ville de dix millions d’habitants. Les terres deviennent propriétés des Canadiens, mais la ville serait habitée par des Cubains.

Issue. L’histoire commence en Grande-Bretagne fin 1960. Peter Hall, un Conseiller du Gouvernement Britannique expose sa vision dans un manifesto : le « Non-Plan ». Les Libertariens de gauche demandent que les comtés soient libérés de certaines réglementations de l’État en particulier de la fiscalité. La vision initiale préconisait des contrôles de passeport à la frontière des zones, qui héritent du nom de «Crown-Colonies» (nom des territoires coloniaux britanniques tel Hong Kong). Les Zones Economiques Spéciales en Chine, ont emprunté l’idée des échanges libéralisés avec les pays occidentaux, sans pour autant autoriser l’extra-territorialité administrative. Madagascar a été le premier pays africain où Romer a avancé ses idées : les « charter cities » comme prototypes pour promouvoir le libéralisme triomphant. Selon la légende, Ravalomanana aurait été convaincu de construire deux “charter cities”: chacune managée par une puissance occidentale différente. A la fin de la conférence à Ankatso, le Pr Ravelomanana Mamy souhaitait à Paul Romer le même destin que Joseph Stiglitz Nobel en 2001, en lui indiquant ce dernier était assis à la même place que lui quelques années auparavant. Des paroles prophétiques, puisque, dix années plus tard, l’Académie de Stockholm décernait le Prix à Romer. Bref, les ZES malgaches devaient prendre l’allure des “chartee cities” mais les Malgaches ont en décidé autrement : ils préfèrent un monde plus conforme à leurs coutumes et une configuration défendue par Vickrey, autre Nobel. La terre reste aux Malgaches ou à l’État et les entrepreneurs louent leurs services.

Antsa R.

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