Des paysages verdoyants ont été visibles dans quelques districts de la partie Sud du pays, et ont duré quelques mois. Cependant, malgré leur courage et leur détermination, les populations locales ne sont pas encore à l’abri du Kere vu que les récoltes ne sont pas encore suffisantes. Ainsi, la prochaine période de soudure s’annonce longue et dure à vivre. Mais en même temps, elle va être précoce, selon les prévisions, c’est-à-dire à partir de ce mois d’août. Les intervenants ont donc intérêt à redoubler d’efforts.
Une situation toujours aussi préoccupante. L’insécurité alimentaire demeure un problème majeur qui fait encore souffrir des milliers de personnes dans le Grand Sud de Madagascar. Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) qui mène des actions relatives à la prise en charge alimentaire dans cette partie du pays vient de donner son rapport sur la situation locale. 663 484 personnes, en particulier les femmes et les enfants, sont actuellement en insécurité alimentaire sévère (IAS) dans le Deep-South, selon ce rapport. Ainsi, malgré la présence de nombreux intervenants en matière de nutrition et de santé sur les lieux, la situation n’est pas encore prête à s’améliorer dans les prochaines semaines, voire les prochains mois. Causes: une pauvreté extrême qui, en 2013, s’élevait à 97% (Instat). Puis, les conséquences du phénomène El’Nino depuis 2014 sont également évoquées, suite au changement climatique qui n’épargne plus la Grande île. Le ministère de la Population, de la Protection Sociale et de la Promotion de la Femme (MPPSPF) qui effectue des mesures de soutien et d’accompagnement social dans le Grand Sud, affirme que les populations les plus touchées par l’insécurité alimentaire sont celles des districts comme Bekily (région Androy) sont encore les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire. Pour cause, dans ces localités, la pluviométrie est encore loin d’être suffisante. Or, dans le district d’Amboasary (région Anosy), et celui d’Ambovombe (région Androy), une amélioration de la pluviométrie a été enregistrée, depuis le mois de mai 2016.
Récoltes insuffisantes…
« Les récoltes existent mais sont encore insuffisantes pour tout le monde. Du coup, nous serons encore être contraints de remplacer nos alimentations de base par les feuilles de cactus puisque ce sont les seules plantes capables de résister aux climats secs qui s’abattent ici », confie Mama Berth, dans le district de Bekily. A titre d’explication, la population se prépare actuellement à la récolte des premières productions. «Mais malgré les 3 mois de pluie et le paysage verdoyant, le début de la saison de culture en mai a pris du retard, d’autant plus que faute de moyens, les habitants ont consommé une bonne partie des semences en début de campagne. Par ailleurs, la période de soudure débutera précocement (dès ce mois d’août selon les prévisions), en raison des deux années de sècheresse particulièrement rudes (2014 et 2015) liée au phénomène El Nino. Bref, on ne peut pas s’attendre à une production suffisante pour couvrir les besoins de la population de ces prochains mois», a-t-on argumenté du coté du MPPSPF. Ainsi, encore une fois, la récolte ne pourra pas suffire pour tout le monde. Que faire?
Onitiana Realy, MPPSPF : «Nous sommes tous concernés!»
Les tâches et les responsabilités ont été partagées à l’occasion de la concertation nationale des 21 et 22 février 2016 à Ambovombe entre les divers acteurs. Pour sa part, Onitiana Realy, MPPSPF et toute son équipe s’activent dans le volet social et humanitaire. Chaque partenaire est ainsi appelé à assumer pleinement la responsabilité qui lui incombe, en fonction de son domaine de compétence et des moyens dont il dispose. « La population, elle, aspire clairement à des solutions pérennes et à la réalisation d’infrastructures d’envergure et d’approvisionnement en eau. De ce fait, le défi ne pourra être relevé qu’avec les efforts conjugués de tous les partenaires, sans exception. Nous sommes tous concernés », rappelle la ministre. Pour la 5e fois consécutive, elle s’est rendue à Ambovombe Androy, pour aller à la rencontre des populations locales, le 21 juillet dernier.
Cantine scolaire : 150 000 enfants ciblés
Quelques 300 000 enfants dans 1300 écoles ont bénéficié d’un repas cantine scolaire dans le cadre d’un projet mis en place par le PAM et le Ministère de l’Education nationale (MEN). Malheureusement, le projet arrive à son terme et à partir de la rentrée d’octobre 2016, seul le besoin de la moitié de l’effectif (soit 150 000 repas) pourra être couvert. 6,9 millions de dollars US sont à trouver pour assurer la continuité du programme de cantines scolaires pour l’année scolaire 2016-2017. Jusqu’à ce jour, aucun partenaire n’a encore confirmé leur contribution.
Vatsin’Ankohonana : La région Androy aussi
Le transfert monétaire ou « Vatsin’Ankohonana » du MPPSPF sera également mis en oeuvre dans la région Androy. Ce dispositif profite à 225 000 personnes bénéficiaires, soit 45 000 ménages de la Région. Sa mise en œuvre – en partenariat avec le FID – à partir de la prochaine rentrée scolaire, durera 18 mois dans cette localité. La Banque mondiale a donné son accord de principe pour le financement additionnel du FSS (Filet social de sécurité) à hauteur de 20 millions de dollars US, dans lequel s’inscrit cette bourse familiale. « Nous sommes aujourd’hui en attente de la validation par le Conseil d’administration de la BM. Cette extension du Vatsin’Ankohonana sur la région d’Androy constitue le principal engagement pris par le MPPSPF en charge du volet « Protection sociale », lors de la Concertation nationale d’Ambovombe en février 2016 », ont livré des techniciens issus du MPPSPF. Avant de dire: « La Promotion de la protection sociale par la mise en place des dispositifs Transfert monétaire et Argent Contre Travail productif ont été mis en place afin de renforcer la résilience de la population ». Cet engagement entre dans sa phase opérationnelle à partir du mois d’octobre 2016.
Recueillies par Arnaud R.
