Les grands commis de l’Etat (Magistrats, administrateurs civils, enseignants…) ont tiré hier la sonnette d’alarme sur l’évolution inquiétante de la situation postélectorale actuelle.
Moins de 24 heures avant la publication par la CENI-T du résultat provisoire du second de la Présidentielle du 20 décembre dernier, la Confédération des Grands Corps de l’Etat qui regroupe environ 26 syndicats de fonctionnaires ont lancé un « appel pour le salut public » D’après son président, Dr Ndatason Frédéric, qui a présidé la conférence de presse organisée hier au Carlton Anosy, la situation explosive actuelle due à la tension qui existe entre les deux camps, ceux de Hery Rajaonarimampianina et de Jean Louis Robinson, risque d’aboutir aux troubles, voire à une guerre civile après la publication du résultat de la Présidentielle. « D’une part, le résultat provisoire affiché à la CENI-T donne la victoire au candidat Hery Rajaonarimampianina. D’autre part, le candidat Jean Louis Robinson conteste catégoriquement ce résultat de la CENI-T en ayant déclaré publiquement qu’il a gagné et non son adversaire. Ce candidat a déclaré être en possession des preuves des fraudes perpétrées par l’autre camp. Il a d’ailleurs prévenu que lui et ses partisans n’allaient pas accepter le résultat publié par la Commission Electorale Nationale Indépendante pour la Transition. Cette situation contradictoire nous inquiète. », a souligné hier Dr Ndatason Frédéric. Avant d’enfoncer le clou : « Notre pays n’est plus en danger. Il est à quelques pas seulement d’une guerre civile. »
Propositions urgentes. Face à cette situation, la Confédération des Syndicats des Grands Corps de l’Etat a signalé hier une urgence. « Il n’est pas encore trop tard, malgré le fait que la CENI-T publiera demain (NDLR : aujourd’hui) le résultat provisoire du scrutin, de procéder à la mise en œuvre des mesures, qui pourrait apporter la paix au lieu des troubles. », a-t-elle précisé. Avant d’ajouter : « Il y a quatre mesures urgentes : publication du tableau de répartition des bulletins uniques par bureau de vote selon le numéro de série, confrontation des procès verbaux des bureaux de vote, vérification contradictoire des bulletins exprimés et des bulletins non utilisés et recomptage des voix réellement obtenues par les deux candidats. » La Confédération des Syndicats des Grands Corps qui regroupe des magistrats, des administrateurs civils, des médecins, des enseignants, des employés de la JIRAMA et de la Banque Centrale… de laisser entendre : « La CENI-T et la CES sont entièrement responsables faute de la mise en œuvre des ces propositions urgentes. » Les grands commis de l’Etat ont en même temps mis l’accent sur la nécessité d’un dialogue malgacho-malgache en lançant un appel pressant, particulièrement à l’endroit de tous les agents de l’Etat sans exception, civils ou militaires.
Annulation des voix. Le secrétaire général du SMM (Syndicat des Magistrats de Madagascar) a eu l’occasion lors de la conférence de presse d’hier de marteler que l’annulation in extremis du Décret relatif à l’obligation de neutralité des chefs d’Institution pendant les campagnes électorales risque de faire monter la tension dans les deux camps protagonistes. « Normalement, la CES, après avoir décidé cette annulation qui doit avoir un effet rétroactif, sera amenée à annuler les voix obtenues par le candidat Hery Rajaonarimampianina dans les endroits où le président de la Transition Andry Rajoelina a mené campagne pour lui. », a affirmé Tojo Razafindrakoto. En tout cas, les grands commis de l’Etat ont tiré une sonnette d’alarme hier par rapport à l’évolution inquiétante de la situation politique à Madagascar. « Nous les syndicats, nous ne nous contentons plus de revendiquer comme d’habitude nos droits et nos avantages. Nous sommes obligés en tant que citoyens responsables de défendre l’intérêt général du pays. », a souligné le Dr Ndatason Frédéric. Avant de réitérer : « Dans le contexte actuel, la victoire de l’un ou de l’autre camp ne favorisera pas la paix à Madagascar alors que l’objectif était de sortir notre pays de la crise par des élections justes, transparentes et acceptées par tous. » A s’en tenir aux inquiétudes exprimées hier par la Confédération des Syndicats des Grands Corps de l’Etat, la récente élection présidentielle ne résoudra rien à Madagascar si la CENI-T et la CES ne prennent dans les plus brefs délais aucune mesure pour éviter les troubles postélectoraux.
RAJAOFERA Eugène