Les justiciables peuvent souffler. L’appareil judiciaire est de nouveau fonctionnel à 100% depuis que le Syndicat des Magistrats de Madagascar a annoncé la suspension de la grève décrétée pour la revendication de leurs droits.
Grève et service public
Cette suspension de la grève des magistrats remet sur le tapis la question du rapport entre le droit de grève et le service public. D’ailleurs dans un communiqué publié hier, la Commission Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH) parle de cette nécessité absolue de faire l’équilibre entre le droit syndical à la grève et la continuité des services publics. Dans tout pays démocratique, la loi reconnaît aux travailleurs le droit à la grève. Et à Madagascar, ce sont surtout les corps des enseignants, des douanes, des magistrats mais aussi les employés de certaines entreprises publiques d’utilité courante comme la Jirama ou encore Air Madagascar qui sont les champions de la grève. Ils ont bien évidemment raison de manifester, compte tenu des mauvaises conditions dans lesquelles ils opèrent. Et ce, malgré la riposte, trop souvent maladroite du régime qui soutient que les mouvements syndicaux et les manifestations publiques sont orchestrés par l’opposition dans un but de déstabilisation du pouvoir en place.
Mais ce que les syndicalistes ne doivent cependant pas oublier c’est que même s’ils ont parfaitement le droit de faire la grève, cette liberté syndicale est limitée par le droit des citoyens de jouir de la continuité des services publics. L’enjeu est de taille puisque pour ne prendre que le cas de la grève des douanes, un arrêt des services publics provoquent des milliards d’ariary de manque à gagner. Au niveau de l’enseignement supérieur où le SECES peut parfois faire la pluie et le beau temps avec leur grève, ce sont les étudiants qui sont les futurs cadres et dirigeants de ce pays qui soufrent. Une seule année blanche est une perte énorme pour cette jeunesse malgache qui souffre déjà du fait que les dirigeants qui se sont succédé n’ont jamais été capables de leur donner des emplois dignes de leur compétence.