
Le droit de douanes sur l’importation de bondillons de savon est passé de 10% à 20%. Salim Dramsy, directeur commercial des savons SEIM a tenu à apporter son avis sur le sujet. Interview.
Midi Madagasikara (MM). Que pensez-vous de cette hausse indiquée dans le projet de loi de finances 2020 ?
Salim Dramsy (SD). La hausse de 20% est une hausse inexpliquée et inexplicable et va certainement avoir une grande répercussion négative pour les bourses des ménages malgaches. La catégorisation émanant de la Classification internationale par type d’industrie (CITI) et pour CITIC Madagascar, stipule clairement que « les unités de transformation de bondillons en savon ménage sont classées comme une industrie ». Aussi nous taxer comme « pseudo-savonniers ou encore étrangers importateurs » semble vouloir dénigrer les industries concurrentes.
- On dit que vous n’êtes pas vraiment des industriels. Est-ce exact ?
- Il faut savoir que les bondillons sont utilisés partout dans le monde pour produire du savon, mais pas uniquement à Madagascar. A titre d’exemple pour le savon de Marseille ou le savon d’Alep. Ce mode de production est né du concept de la division internationale du travail incluant la division internationale des processus productifs (DPP) dans le cadre de la lutte contre la pauvreté initiée par la Banque Mondiale. Partir d’une matière première semi finie est une pratique courante dans le secteur industriel. Utiliser du tissu comme matière première au lieu de coton ne fait d’une entreprise textile une pseudoindustrie. Les spaghettis et les nouilles sont fabriqués à partir de la farine mais pas de blé. Les ustensiles en plastiques sont fabriqués à partir du plastique en granulé et la liste est interminable. D’autant plus, la transformation de bondillons cadre parfaitement à la politique de préservation de l’environnement tant prônée par SEM le Président de la République.
- Etes-vous en train de dire qu’il ne devrait pas y avoir de lutte concurrentielle ?
- Il ne faut pas induire en erreur la population et l’opinion publique. Nous luttons pour l’utilisation des bondillons. Par contre, nous sommes en faveur de la lutte contre les savons barres venant des pays membres du Comesa qui sont détaxés à 0%. Çà devrait contre cela que nous devons axer notre lutte et j’appelle à ce que l’ANMCC et la douane nous assiste dans ce combat commun. Certains se trompent d’adversaires en entamant cette lutte envers les entreprises qui utilisent les bondillons de savon comme matière première pour leur industrie.
- Pour votre processus de produciton, pourquoi choisissez-vous d’importer les bondillons de l’extérieur ?
- Certaines entreprises avaient procédé au départ à la fabrication du savon à partir des matières ou acides gras, mais ont dû changer de processus pour plusieurs raisons. Sur le plan technique, pour viser à limiter le transport et la manipulation de produits dangereux et toxiques, à éviter les émanations gazeuses dangereuses pour le corps humain. En effet, seul personnel d’usine porte des équipements adéquats (masques, gants, bottes), et pour éviter la pollution de l’environnement par le rejet de la lessive épuisée après saponification. Les savonneries existantes actuellement sont tous installées dans des centres urbains. Sur le plan économique, cela permet d’assurer la compétitivité pour combattre la concurrence des savons importés, et de créer des emplois et de la valeur ajoutée nationale. D’une manière générale, il faut se mettre à niveau de la technologie et du mode de production utilisés si on veut rester compétitif. Et il faut être honnête de reconnaître qu’on ne sortira de la compétition mondiale de notre époque avec la technologie et le mode de production des années 60 et on ne pourra jamais atteindre un développement économique effectif.
- Quelques mots pour conclure ?
- Devant cet acharnement, économiquement et socialement, inutile, mettant en péril l’effort du Gouvernement pour la stabilisation du prix des PPN, je rejoins l’appel du collectif des bondillonneurs, à l’endroit des parlementaires les demandant à défendre les intérêts des consommateurs ainsi que des employés lors de l’adoption de la LFI 2020.
Recueillis par Antsa R.