
Les producteurs locaux de bondillons de savon mettent en avant le rendement d’échelle croissant, pour soutenir l’importance de l’industrie locale dans la création de richesses nationales.
La Savonnerie Tropicale compte doubler sa production, lorsque le droit de douane de 20% sur l’importation de bondillons de savon, sera appliqué. Selon son directeur de ventes, Henintsoa Henri Rakotomanga, la capacité de production de cette industrie malgache est aujourd’hui exploitée à 20% seulement. « Si l’on double notre production en exploitant 40% de notre capacité, cela permettra de réduire le coût de revient de 15%. Mais notre objectif à terme est de produire 60% de notre capacité productive. Nos prix pourront baisser considérablement grâce au rendement d’échelle, et nous pourrons produire de nouveau le savon Ravinala », a-t-il déclaré lors d’une entrevue avec les médias, vendredi dernier. De son côté, le directeur général de cette entreprise industrielle, Thierry Ramaroson, n’a pas hésité à dénoncer un superprofit des importateurs de bondillons, dans une pratique de concurrence déloyale. « A l’époque où la Savonnerie Tropicale a été fondée, le droit de douane sur les bondillons était à 20%. Tous les calculs étaient basés sur ce niveau. En 2011, ce taux a baissé à 10%, sans aucune concertation. Il est évident que les producteurs locaux de bondillons sont lésés », a-t-il souligné.
Comparaisons. D’après le DG Thierry Ramaroson, l’écart entre le droit de douane des matières premières et celui des bondillons est important dans les pays émergeants. Il a cité les cas du Brésil, où les matières premières pour la fabrication de bondillons sont taxées par la Douane à 2%, et les bondillons finis à 18% ; au Maroc, à 2% pour les matières premières et 19% pour les bondillons, soit un écart de 17 points ; en Egypte à 2% pour les matières premières et à 30% pour les bondillons, soit 28 points d’écart ; au Nigéria qui affiche 20% d’écart, etc. « Ces écarts visent à protéger la production locale à partir de matières premières. Le Brésil est un pays qui a réussi son émergence. Maintenant que Madagascar ambitionne une émergence par l’industrialisation, il est normal de porter le droit de douane sur l’importation de bondillons à 20%, si les matières premières sont taxées à 5%. C’est un minimum par rapport à ceux des autres pays, car cela ne fait que 5 points d’écart », a-t-il soutenu.
Importation croissante. Selon les statistiques présentées par les producteurs locaux de bondillons, les importations de ce produit ont augmenté de 166%, depuis 5 ans. La production locale, par contre, a baissé de -35% sur cette période. « 77% des savons utilisés à Madagascar sont importés. Ce qui n’est pas normal, car la capacité de production dans ce pays dépasse largement la demande locale. Nous pouvons satisfaire la demande et exporter en même temps. De plus, le rendement d’échelle permettra de réduire les coûts considérablement. Mais si on veut inciter les activités industrielles, il faut mettre en place un bon environnement favorisant la production locale », a souligné le DG de la Savonnerie Tropicale. Questionné sur la lutte commune contre les savons barre importé des pays du COMESA, celui-ci a noté que les importateurs de bondillons ne sont pas sérieux en faisant appel à cette lutte commune. « Ils veulent cacher la forêt derrière un arbre. Madagascar importe 18.000 tonnes de savon chaque année et les savons barres ne représentent que 600 tonnes, dans cet ensemble. Ce sont eux-mêmes qui font ces importations et en nous prenant pour des naïfs, ils nous demandent de lutter contre les 600 tonnes et donc, de laisser passer le reste. Nous savons pourtant qu’ils font du superprofit avec ces importations favorisées. C’est de la tromperie », a fustigé le DG Thierry Ramaroson. D’après ses dires, 90% des savons importés sont sous forme de bondillons. Si les importations ne sont pas aussi favorisées, la production locale peut très bien les battre, selon les représentants de la Savonnerie Tropicale, qui ont profité de l’occasion pour inviter les importateurs à s’approvisionner sur le marché local de bondillons.
Antsa R.