Les amateurs de bière ont espéré arbitrer une bataille des brasseurs, mais ils ont vite déchanté. La STAR s’est empressée d’avaler la NBM (Nouvelle Brasserie de Madagascar) qui ambitionnait d’avoir 20% du marché de la « mousse ». L’espoir du challenger s’est vite émoussé devant son concurrent dont le slogan « Soa ny fiarahantsika ! (qu’elle est bien notre solidarité )» est valable pour les clients mais pas pour les intrus dans ses plates-bandes. Comme une loi anti trust n’existe pas chez nous, l’ex Rochefortaise n’a pas lésiné sur les moyens pour reprendre en mains la situation d’autant que les autorités sont bizarrement myopes sur la législation en matière de publicité sur les boissons alcoolisées.
Une autre bataille, âpre et sans merci s’annonce, cette fois-ci, mais sur le marché des yaourts, où de véritables industriels sensiblement de même taille vont se mesurer. Ils vont tenter d’être le leader face à une demande certes encore balbutiante mais à fort potentiel et qui tarde à se réaliser avec la somnolence de l’économie en général. En économie industrielle, les critères de prix et de qualité ne suffisent pas pour se tailler et se maintenir sur une part de marché concurrentiel, encore faut-il avoir une surface financière conséquente et atteindre ce que les économistes appellent la masse critique. En clair, il n’y a pas de place pour tout le monde. Si Tiko avait le quasi-monopole pendant deux décennies, la crise sociopolitique a vu s’éteindre son appareil de production. La période post-crise a vu rebondir Socolait et apparaître Beverage and Foods et ces derniers n’entendent pas se faire supplanter par le revenant Ravalomanana, devenu un challenger, voilà la nouvelle donne. Question, la demande intérieure permet-elle d’avoir trois mastodontes dans ce segment de la filière du lait ? En termes de notoriété les concurrents sont relativement sur le même pied d’égalité maintenant. La solution pour survivre au vu de la faiblesse du marché local est de conquérir une part du marché régional (dans les îles voisines) et profiter de la Sadec et de la Comesa ,avec les opportunités d’exportation. Deux des trois, ont des atouts d’abord, Beverage and Foods qui déjà possède une unité de production aux Comores et puis Tiko qui a déjà exporté ses produits vers La Réunion et Maurice.
Voilà le volet économique, mais ce que n’on ne dit pas mais qui est dans la tête des concurrents est autre. L’enjeu politique est un facteur déterminant. Si l’ancien président revient au pouvoir, il ne manquera pas de vouloir remodeler la structure du marché à son avantage, les autres doivent prier fort que cela ne se reproduise pas. Donc nous retombons dans le schéma classique d’un système économique libéral dans un pays comme le nôtre où l’interférence de la sphère politique n’est pas à ignorer. Et dans un système électoral toujours vicié qui nous dit que les lobbyings ne pèseront pas anormalement dans le processus démocratique. Ainsi, encore une fois le consommateur ne pourra pas effectuer son libre choix.
Ranarivao Mickey