Parmi les mots sinon les maux reprochés aux deux journalistes par l’avocat du plaignant, c’est d’avoir traité ce dernier de « loup » quand bien même le courrier de lecteur incriminé ne porterait pas leurs …griffes.
Dans la gueule du loup !
Si la plainte n’avait pas été retirée à la demande pour ne pas dire sur injonction du Président de la République, on est en droit – au propre comme au figuré – de se poser des questions sur la suite que le Tribunal aurait donné au « loup ». Un mot qui est d’une extrême richesse comme le bois de rose. Témoignant de la place importante et symbolique de cet animal dans les légendes et mythologies de plusieurs civilisations, quoiqu’il n’existe pas à proprement parler dans le folklore malgache où il est plutôt question d’« amboadia ». Ce qui signifie littéralement « chien sauvage » même si pareille espèce, à moins d’avoir disparu sous on ne sait quelle ère, ne figure pas non plus parmi la faune – endémique ou pas – du pays où l’on retrouve par contre le mot « amboa » dans plusieurs patronymes. Pour ne citer que les Ramboa, Razafindramboa et Ramboasalama… Mais ce n’est pas pour autant qu’on les considère ou qu’ils se considèrent comme tels. Bien au contraire, ils appartiennent souvent à la caste dite supérieure. Dans d’autres cultures et notamment en France, le loup est utilisé dans beaucoup de locutions. Entre autres, jeune loup et vieux loup qui servent à désigner respectivement un jeune ambitieux et un homme aguerri. On qualifie même les politiciens appartenant à la nouvelle génération de jeunes loups aux dents longues. Il y a aussi l’expression « entre chien et loup » qui n’est point une injure à Rabe ni une atteinte à l’honneur de Rakoto. Elle signifie tout simplement « à la tombée du jour » durant laquelle il est difficile de distinguer le chien du loup. Ou vice versa. C’est dire que le grief concernant « le loup » (sans allusion aucune à un Vazaha zanatany dont le nom à la même consonance) aurait eu peu de chances d’être retenu par le tribunal correctionnel de Tana. Et ce, dans cette affaire où bon nombre d’observateurs pensent que le régime en général et le plaignant en particulier, se sont jetés dans la gueule du …loup. « Nijabaka » comme le dirait Rakotoamboa. Sans allusion également à l’ancien membre de la Chambre haute qui n’est pas du genre à hurler avec les loups.
R. O