
L’investiture ce jour du colonel Michaël Randrianirina constitue une étape importante vers le retour à la normalité constitutionnelle, condition sine qua non pour obtenir la reconnaissance de la communauté internationale et échapper aux sanctions.
État de droit
« Le Conseil Présidentiel de la Refondation de la République prend acte de la décision, n°10-HCC/D3 du 14 octobre 2025 par laquelle la Haute Cour Constitutionnelle invite l’autorité militaire compétente, représentée par le colonel Michaël Randrianirina, à exercer les fonctions de chef de l’État ». C’est la teneur du communiqué officiel en date du 15 octobre 2025 qui ajoute que « dans un esprit de responsabilité nationale et au nom de la soumission à l’État de droit, le Conseil présidentiel se conforme à cette décision ».
Nulle et non avenue
Un second communiqué signé hier par le président de la Refondation de la République, le colonel Michaël Randrianirina, réitère qu’il se conforme à la décision de la HCC. Et de spécifier que « toute déclaration antérieure est nulle et non avenue ». Une formule tautologique qui signifie que l’ordonnance n°2025-001 n’a pas plus d’effet que si elle avait jamais existé. La dissolution du Sénat, de la HCC, du HCDDED et de la CENI ne valent plus rien au point d’être considérée comme inexistante. Surtout en ce qui concerne la Haute Cour Constitutionnelle pour qui « les institutions et organes constitutionnels en place continuent d’exercer leurs pouvoirs habituels ». C’est d’ailleurs en présence du gouvernement (?), de l’Assemblée nationale, du Sénat et de la Cour Suprême que le Colonel Michaël Randrianirina va prêter serment ce jour au cours d’une audience solennelle et empreinte de sobriété de la HCC.
Impossibilité matérielle
Ce rétropédalage s’inscrit aussi dans un souci de revenir dans le cadre constitutionnel qui définit les termes de la prestation de serment. Conformément à l’article 48 de la Constitution qui dispose en substance que « le mandat présidentiel commence à partir du jour de la prestation de serment ». En d’autres termes, c’est à compter d’aujourd’hui que le Colonel Michaël Randrianirina exerce officiellement et effectivement les fonctions de chef de l’État. C’est à ce titre qu’il sera habilité à saisir dans la foulée la HCC aux fins de demander son avis sur la durée de la période de transition de « 18 mois au moins et 2 ans au plus ». La HCC considérant dans sa décision que « le constituant n’entend pas permettre confier de manière prolongée les attributions du président de la République aux autorités qui n’en sont pas les titulaires de droit commun ». Le nouvel homme fort du pays pourrait exposer pour l’occasion, l’impossibilité matérielle voire pour cas de force majeure, de tenir « l’élection d’un nouveau président de la République dans un délai de 30 jours au moins et 60 jours au plus, conformément aux dispositions des articles 46 et 47 de la Constitution », tel qu’il est mentionné dans la décision de la HCC.
Avis favorable
« Qu’une invitation est par conséquent faite à l’autorité compétente spécifiée plus haut pour organiser les élections dans les soixante (60) jours qui suivent la notification de la présente décision », selon la HCC. Le Conseil présidentiel ayant pris acte de ladite décision dans un communiqué officiel en date du 15 octobre 2025, les élections présidentielles devront se tenir le 15 décembre prochain au plus tard. Un délai impossible à respecter d’après le colonel Michaël Randrianirina, au motif qu’il faudra encore revoir les listes électorales et réorganiser la CENI. Sans parler du fait que le scrutin se tiendrait en pleine saison des pluies qui ne permettrait pas à une partie du corps électoral de se rendre aux urnes. Autant d’arguments qu’il exposera sûrement au soutien de sa demande auprès de la HCC qui pourrait émettre un avis favorable. Reste à attendre si après son investiture solennelle par le juge constitutionnel, la communauté internationale mettra ou pas le Colonel au béret vert sur liste noire.
R.O