
Après la vague de limogeages qui a déferlé le 27 février dernier sur bon nombre de ministères, on s’attend à une marée de nominations lors du prochain conseil des ministres.
Anarchie. Du grec anarkhia qui signifie « désordre résultant d’une absence ou d’une carence d’autorité ». C’est pratiquement le cas dans bon nombre de ministères où il n’y a pratiquement plus de chef après le passage du tsunami qui a tout emporté, sans avoir été assorti systématiquement de nouvelles désignations, selon la formule classique : « Décret n°… portant abrogation du décret du … et nomination de … ». Un vide qui provoque la paralysie de l’appareil administratif donc du service public, tout en entretenant un climat d’attentisme au niveau des directions générales et directions centrales voire régionales où chaque agent ne peut plus prétendre à un pouvoir sur l’autre. Tout le monde est chef mais personne n’est aux commandes. Le SG, le DG et les directeurs sortants n’ont plus d’ordre à donner, pas plus que leurs futurs ex-subordonnés n’estiment qu’ils doivent encore en recevoir, encore moins les exécuter. Anarchie signifie aussi « confusion due à l’absence de règles ou d’ordres précis ».
« Mamelona ». Tout cela créé une atmosphère aussi malsaine que délétère au sein de plusieurs ministères. Avec les appels à candidature à l’interne, tout le monde se voit SG, DG ou à la limite Directeur. Chacun rêve ou se vante déjà de devenir calife à la place du calife. Surtout que les candidatures n’ont pas toujours été accompagnées de termes de référence pourtant indispensables à une évaluation. Il n’y a même pas parfois de descriptif du poste. Sans parler de l’absence de critères normalement requis (compétences, intégrité, moralité…), surtout pour des domaines clés. Pour ne citer que la Douane et les Impôts qui assurent le gros des recettes de l’Etat. Ce sont les deux mamelles pour ne pas dire les « mamelona » de l’économie nationale, et partant du développement du pays. Tel que l’a rappelé récemment le SEFAFI, le choix des responsables ne doit pas reposer sur le népotisme et le favoritisme. Ni sur l’appartenance à tel cercle ou l’adhésion à telle société secrète ou pas.
Syndrome 2009. L’actuel locataire d’Iavoloha est tenu de tenir compte – au propre comme au figuré – de la malencontreuse expérience de 2009 qui avait sacrifié sur l’autel de la Place du 13 mai et jeté du haut du « Tetezamita », des cadres dont les compétences étaient connues et reconnues par les bailleurs de fonds en général et les institutions de Bretton Woods en particulier. Entre autres et non des moindres, l’ancien ministre de l’Economie, Ivohasina Razafimahefa et l’ex-Directeur Général des Impôts, Anthony Ramarozatovo qui devaient être récupérés par le FMI en son siège à Washington. 10 ans après, l’ancien numéro Un de la Transition devenu Président de la République ne devrait pas oublier le syndrome 2009, sous peine de relancer la fuite de cerveaux. Il est tenu de faire preuve de perspicacité, de rigueur et d’exigence par rapport aux nominations aux hauts emplois de l’Etat. Et ce, pour confirmer ses propres dires selon lesquels « Andry Rajoelina version 2019, n’est plus celui de 2009 ».
- R. O