
Pas de conseil des ministres hier à Iavoloha pour cause d’absence du maître des lieux.
Depuis son accession au pouvoir, Hery Rajaonarimampianina n’a jamais accordé de délégation de pouvoirs au chef du gouvernement pour présider un conseil des ministres. De Kolo Roger à Mahafaly Olivier, en passant par Jean Ravelonarivo, le numéro Un de l’Etat n’a eu, à aucun moment, recours à l’article 55 de la Constitution qui prévoit que « le Président de la République peut déléguer certains de ses pouvoirs au Premier ministre ». Une délégation de pouvoirs qui ne signifie nullement inaugurer les chrysanthèmes, même si on voit souvent un PM procéder à l’inauguration de « zava-bita ». A l’exclusion évidemment des projets présidentiels qui, comme leur nom l’indique, restent la chasse gardée du maître d’Iavoloha.
Exécutif bicéphale. Parmi les pouvoirs prévus par l’article 55, figurent les nominations aux hauts emplois de l’Etat, mais aussi et surtout celui de recourir directement à l’expression de la volonté du peuple par voie de référendum sur toute question importante à caractère national. Pas une seule fois, le président de la République n’a cédé une once de ses prérogatives au locataire de Mahazoarivo, en dépit de la nature bicéphale de l’Exécutif. De toute façon, on imagine mal l’actuel président de la République donner carte blanche à son Premier ministre. Si ses fréquents déplacements à l’étranger venaient à le contraindre de déléguer certains de ses pouvoirs, ce sera certainement sur un ou des sujets urgents et précis. Limités dans le temps et dans l’espace.
Omnipotent. En tout cas, la concentration des pouvoirs entre les mains du chef de l’Etat n’est pas sans rappeler la Deuxième République avec un Président omnipotent et omniscient. L’Amiral était seul maître à bord à tel point que le PM était qualifié de « Planton Mihaja » par rapport au « Filoha hajaina ». Le régime de l’époque était d’ailleurs de type présidentiel. Aujourd’hui, on a affaire à un régime semi-parlementaire avec la Constitution de la Quatrième République qui dispose d’ailleurs que le Premier ministre est présenté par le parti, ou le groupe de partis majoritaire à l’Assemblée nationale. Même s’il est vrai que l’article 54 n’a pas été tout à fait respecté à la lettre à chaque nomination de Premier ministre. Pour ne rappeler que la dernière en date, on ne sait pas le nombre de députés qui a propulsé Mahafaly Olivier au Palais de Mahazoarivo où il devra se contenter de présider les conseils de gouvernement. Les conseils des ministres faisant pratiquement partie des domaines réservés du président de la République. A son retour d’Istanbul, Hery R. sera fort comme un turc pour présider un conseil des ministres dès ce jour ou au plus tard demain.
R. O