Le président de la République semble avoir oublié que les faits se sont déroulés sous les yeux de plusieurs centaines de spectateurs composés entre autres, de partisans de l’ancien président, d’une centaine de journalistes et de simples observateurs.
Au cours de la conférence de presse qu’il a tenue hier à Iavoloha, le président Hery Rajaonarimampianina a confirmé que les autorités ont été prises au dépourvu par rapport au retour au pays de l’ancien président Marc Ravalomanana. « Il n’a pas estimé nécessaire d’informer au préalable le gouvernement tout comme il n’a pas jugé nécessaire de demander une autorisation… L’ancien président ne m’a pas contacté… De même que la SADC qui ne m’a pas averti », a-t-il annoncé. Une déclaration que bon nombre d’observateurs considère comme un aveu d’impuissance face à un Marc Ravalomanana qui revient en force avec des partisans bien déterminés à défendre leur leader emblématique. En effet, cette déclaration du numéro Un d’Ambohitsorohitra reflète l’incapacité du régime à surveiller nos frontières. Cet évènement représente aussi la défaillance de nos services de renseignements.
« Dérapage ». En tout cas, le président Hery Rajaonarimampianina et ses proches collaborateurs trouvent que ce retour de « Dada » est inopportun. C’est un « dérapage », estime le président de la République. Et lui de réitérer : « J’ai toujours annoncé à la Communauté internationale et au Peuple malgache que son retour doit se faire dans le cadre du processus de réconciliation nationale. Il est vrai qu’un citoyen malgache peut circuler librement sur le territoire national, par contre, le cas de Marc Ravalomanana est un cas particulier dès lors qu’il s’agisse de sa sécurité personnelle et de la sécurité publique ». Le président Hery Rajaonarimampianina, considérant les propos tenus par l’ancien exilé d’Afrique du Sud au cours de sa conférence de presse à Faravohitra, comme « des provocations tendant à bafouer le choix du peuple malgache ». « Un geste inadmissible». Une manière de laisser entendre qu’à travers ce forcing, l’on peut constater que Ravalo envisage de reprendre à tout prix le pouvoir tout en négligeant le choix que les Malgaches ont exprimé à travers les élections démocratiques. En vue de défendre ce choix démocratique donc et pour instaurer l’apaisement, le régime, par le biais des Forces de l’ordre a décidé de prendre ses responsabilités en procédant à cette arrestation.
« Arrestation musclée ». Pourtant, malgré la présence d’une cinquantaine d’éléments cagoulés du Groupe de Sécurité et d’Interventions Spéciales (GSIS) qui ont envahi le domicile de l’ancien président à Faravohitra pour procéder à son « arrestation musclée », Hery Rajaonarimampianina a quand même tenu à préciser que « Ravalomanana n’a pas été arrêté, ni emprisonné, il a plutôt été mis en sécurité ». L’Homme fort du pays semble oublier que les faits se sont déroulés sous les yeux de plusieurs centaines de spectateurs composés entre autres, de partisans du numéro Un de l’Empire Tiko, d’une centaine de journalistes et de simples observateurs curieux de revoir l’ex-président après six ans d’exil. Cette interpellation ou arrestation (c’est selon) a donc été faite pour assurer la propre sécurité de « Dada » face aux menaces qui pèsent contre lui. Aux dernières nouvelles, l’ancien exilé d’Afrique du Sud a été mis en résidence surveillée pour une durée indéterminée. « Son sort dépendra des dialogues qui vont être entamés dans le cadre du processus de réconciliation nationale », a laissé entendre Hery Rajaonarimampianina. La question est de savoir si ce retour de Marc Ravalomanana constitue une menace pour le régime Rajaonarimampianina ou l’inverse.
Davis R