Entre 1950 et 1954, des lettres sont destinées au haut-commissaire de Madagascar André Soucadaux pour que Diégo-Suarez soit une province autonome. Elle est sollicitée par les dirigeants locaux depuis 1950.
L’administration accepte les requêtes des conseillers municipaux de Diego-Suarez et certains Ampanjaka du Nord et les roitelets de la région du Nord-ouest qui souhaitent « assurer une meilleure gestion des intérêts de la population du Nord de la Grande île ». Selon l’autorité de l’époque, la création de la province répond également à des impératifs d’ordre historique, ethnique, économique et politique. Mais sur le plan structurel, les avis divergent. Les nationalistes de la région suivent les instructions de Tananarive, et s’opposent catégoriquement de la création de la nouvelle province qu’ils considèrent comme une sécession. L’ ampanjaka de Nossi-bé Amada, les conseillers de district, ainsi que conseillers municipaux de la ville sont de cet avis. Ils s’y opposent et déclarent « Nous nous permettons de vous rappeler que notre pays n’a aucun point commun avec Diégo-Suarez, ni économique, ni social, ni dans le passé ». La position de l’île de parfum est très claire, si elle se rattache à Diégo Suarez, son trafic portuaire sera réduit. Nossi-bé, de préférence, souhaite être rattaché avec la province de Majunga que celle de Diégo-Suarez, comme Antalaha qui préfère rester avec la province de Tamatave. A partir de 1956, la situation politique évolue rapidement à Madagascar avec l’instauration de la Loi-cadre ; l’ambiance politique devient moins lourde et une certaine liberté rend aux Malagasy la possibilité d’exprimer plus efficacement leur aspiration à l’indépendance. La création de la province de Diégo-Suarez suscite en commission des débats passionnés mais toujours courtois. Ceux-ci rapportent avec beaucoup d’exactitude en séance plénière par Razafitrimo. Il expose les interventions faites tour à tour par des représentants des provinces de Toliara et de Tamatave qui protestent avec beaucoup de force contre amputations dont leur province respectives sont victimes, et qui, en ce qui concerne Tamatave, demandent en compensation le rattachement strict des districts de Nosy varika et Mananjary. Les représentations des provinces de Fianarantsoa et de Majunga se prononcent par contre pour le projet présenté par l’administration. Finalement, on aboutit à un résultat procédé par un vote secret : pour le projet 19 voix, contre 13 voix. Les élections provinciales du 31 mars 1957 ont une portée considérable sur le schéma politique de Madagascar, et plus particulièrement, de la région septentrionale de la Grande Ile. Elles permettent en effet, de désigner par l’intermédiaire des Assemblées de province, les premiers titulaires du nouvel appareil institutionnel, établi par la Loi-cadre. L’Assemblée Représentative, les Conseils de Province et le Conseil de Gouvernement sont issus de ces Assemblées provinciales, dont la composition ne pouvait manquer d’influencer l’orientation politique ultérieure de Madagascar.
Iss Heridiny