Dès l’accession de Madagascar à l’indépendance, le premier président de la République Malgache s’affirme comme l’un des plus fervents des artisans de la coopération avec l’ancienne puissance coloniale et entretenait une relation étroite avec des gouvernements souvent critiqués par ses homologues africains.
Le 2 avril 1960, Tsiranana signe à Paris avec le Premier Ministre Debré les accords Franco-malgache de transfert des compétences. En octobre 1960, il effectue sa première visite officielle en France. Le château de Champs-sur-Marne, où le Général de Gaulle recevait ses homologues africains, a été réaménagé pour recevoir le numéro Un malgache.
Résolument tourné vers le continent noir, Philibert Tsiranana, qui proclame en 1960 l’indépendance de la République de Madagascar, avait fait un choix, arrimé la Grande Ile à l’Afrique en général et à l’Afrique francophone en particulier. Avec le général Charles de Gaulle, il a un lien passionnel. Ce à quoi il s’emploie après l’accession de Madagascar à la souveraineté internationale. Tsiranana a gardé une relation très étroite avec la plupart des anciennes colonies françaises en Afrique. Ainsi, Madagascar et des Etats de l’ancienne Afrique Occidentale Française et de l’ex-Afrique Équatoriale Française ont fondé l’OCAM (Organisation Commune Africaine et Malgache). Philibert Tsiranana, Léopold Sédar Senghor et Félix Houphouët-Boigny, « formés à la vie politique sur les bancs des assemblées parlementaires françaises, ont une philosophie politique commune « .
Théâtre de la Guerre froide, l’Afrique est scindée en deux, les pays communisants influencés par l’Union Soviétique et ceux partisans du libéralisme économique. Anti-communiste, Tsiranana bascule vers la politique occidentale. Il soutient la politique algérienne de la France, et l’intervention des troupes françaises au Gabon pour rétablir Léon M’Ba au pouvoir.
Philibert Tsiranana entretient une relation avec l’Afrique du Sud, attitude qu’il lui vaut de nombreuses critiques sur le continent noir. Il entretient également une excellente relation avec l’Israël, qui n’est pas non plus accepté par les pays du Maghreb.
De 1960 à 1972, Madagascar se range dans le rang des pays libéraux . Les relations avec les pays occidentaux ont été fructueuses. Néanmoins, la Grande Île a été vue de mauvais oeil par certains pays africains. L’Union Africain dont Kwame Nkrumah rêvait, n’était pas cette « Afrique libre » que pensait Philibert Tsiranana.
Recueillis par Iss Heridiny