
(crédits photo : NY ZANADRAONDRIANA)
Trimofoloalina, personnage historique devenu un héros de conte, a bel et bien existé dans le quartier en plein Antananarivo, d’Ambohimiandra. Son histoire bouleversante reflète la place du sacrifice dans la société malagasy de l’entre XVI et XVIIème siècle.
Intrigue politique, séquestration et dénouement jouissif, l’histoire de Trimofoloalina commence par l’enlèvement d’Andriamasinavalona (1675-1710). Un acte de trahison effectué par son propre fils, Andriantomponimerina. Ce dernier voulait tout le royaume pour lui tout seul, sans vouloir partager à ses frères.
Quand Andriamasinavalona a été libéré, il a donc fallu procéder à un sacrifice pour lui réhabiliter dans la sacralité du pouvoir. Pour ce faire, un sacrifice « de substitution » devait se faire. D’après les observations de Lars Vig (1845-1913), un missionnaire norvégien, les malagasy « étaient un peuple dont la vie était marquée par la religion ».
Comme le sacrifice est une manifestation de cette relation du divin et de l’humain, cet acte de sang a été une pratique courante dans la religion malagasy. Comme il fallait respecter le rang d’Andriamasinavalona, un sacrifice humain était donc approprié.
Ordre a donc été donné de trouver le volontaire qui voulait bien donner sa vie pour rétablir le prestige sacré du roi libéré. Selon la tradition orale, personne ne se sentait obligé de le faire. Sans réponse favorable, le régent se devait donc d’en désigner une. D’après toujours la légende, le peuple s’est enfui et caché pour échapper à ce destin.
Sans compter sur le fameux Trimofoloalina qui est allé directement voir Andriamasinavalona dans son Palais d’Anatirova. Parole donnée, le roi lui a envoyé dire ses adieux à sa famille avant le jour du sacrifice.
Le moment venu, conseillé par ses sages et ses devins, le monarque a finalement opté pour qu’on lui coupe l’oreille en guise d’acte sacrificiel. Sauvé, Trimofoloalina a reçu la gratitude et le respect du roi. Lui et sa descendance ont été décrétés « Tsimatimanota », ou « ne meurt pas de ses forfaits ». Par ailleurs, dans l’esprit du sacrifice de substitution, l’honneur royal d’Andriamasinavalona a été retrouvé puisqu’un sujet de rang inférieur a osé lui remplacer. Ainsi, son rang a été remis à sa place.
Zo Toniaina/Iss Herdiny