
Faudrait-il rappeler que la société malgache est matriarcale. Les royaumes structurés et prospères ont été fondés par des reines. En vérité, la règle de succession au trône a été établie implicitement en faveur des femmes. Dès lors, bon nombre d’ethnies existant sur la Grande île choisissent le fils de la sœur aînée du roi comme successeur en cas de décès pour assurer la pérennité de la lignée. « Pour la progéniture du défunt, même si la ressemblance physique est frappante, il y a toujours ce doute collectif que la reine (la femme du monarque) pourrait commettre un adultère », a précisé l’anthropologue Arsène Jao. Alors, de crainte qu’un adultérin prenne le pouvoir, cette alternance politique est instaurée pendant plus d’un siècle et demi. Cette tradition a toutefois connu une mutation vers la moitié du XVIIIème en conséquence de l’influence des arabisés. Commerçants au début, ce groupe humain réussit à convaincre les nobles de réviser d’une manière progressive ce droit coutumier dans l’objectif de s’anoblir afin de contrôler entièrement le commerce dans les zones portuaires. Ainsi, la culture revêt un visage masculin. L’arrivée massive des missionnaires européens au premier quart du XIXème siècle certifie également le concept patriarcal. Durant la période coloniale, les descendants des nobles sont imbibés de la culture occidentale par le biais de l’éducation. De ce fait, l’usage ancestral commence à s’effriter au profit de la civilisation du vieux continent. Actuellement, l’image de la reine régnante est réduit à quatre reines à savoir les trois Ranavalona et Rasoherina, sans tenir compte des souveraines sources de prospérité comme Betty de l’île Sainte-Marie, Tsiomeko et Binao de Nosy-Be ou encore la princesse Soazara d’Analalava. Les Malgaches ont omis la tradition orale témoignant du règne de Rangita. En outre, les hommes qui clament haut et fort que le pouvoir et la femme ne font pas bon ménage, doivent relire les manuels scolaires d’histoire. Elles ne sont pas que des fleurs, elles ont fleuri des royautés. Ce n’est pas par hasard si on dit firenena, la « matrie ».
Iss Heridiny