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mardi, juillet 1, 2025
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Histoire : « Mpaka fo » et « mpaka rà » des origines

Les tirailleurs, ici des Malgaches, ont participé à deux Grandes guerres, utilisés par la France pour servir de chair à canon selon plusieurs historiens.

Les légendes urbaines en noir et blanc, Antananarivo en regorge. En remontant vers la colonisation, les premières traces de celles–ci se retrouvent. Pour ne citer que les termes « mpaka fo » ou « mpaka rà », arracheur de cœur et suceur de sang, seraient bel et bien liés à la fascination, venant s’intercaler avec le mépris, envers les colons.

1913, dans la capitale. Tandis que l’administration coloniale s’évertuait à renforcer le système éducatif, « puisque la religion n’a pas pu civiliser les indigènes en plusieurs siècles, que la science a mis seulement plus de dix ans » à mettre au pas. Un médecin français qui faisait des enquêtes sur la « prophylaxie du paludisme », avait dû faire des prélèvements sanguins sur des enfants choisis dans les écoles.

Cela a suffi pour créer une rumeur selon laquelle les colons récoltaient le sang des petits pour fabriquer des talismans puissants. A cause de cela, le docteur a été intimé de stopper ses expériences. Cela n’a pas empêché le bruit d’enfler et de devenir une véritable légende urbaine à Antananarivo. Sans oublier que l’utilisation des « ody » était encore vivace dans la capitale. Une pratique mal vue, mais peu détournée, par l’église protestante et catholique de l’époque.

Ainsi naquit la légende des « Mpaka rà ». Une légende devenue moderne et urbaine jusque dans les années ’80. Surtout en milieu rural, où l’étranger était parfois soupçonné d’être un preneur de sang. Cette époque de « vampirisme » s’apparente aussi à la naissance de la légende des « Mpaka fo ». Selon un témoignage d’époque, beaucoup de Malagasy croyaient que les « blancs » étaient de grands sorciers.

Un exemple d’amulette malgache, où plusieurs matières (fer, bois, etc) se trouvent.

D’antan et d’aujourd’hui. En voyant les statues et les icônes chrétiennes, les autochtones croyaient qu’il s’agissait des « ody » puissants. La rumeur disait alors que les sorciers étrangers prenaient le cœur des enfants pour l’utiliser dans leur composition maléfique. Un témoignage a même été rapporté par un colon, « un indigène est venu chez lui et lui propose de tuer un enfant et de prendre son cœur pour en fabriquer un talisman ».

Si la monarchie pré–coloniale a tour à tour plus ou moins interdit et accordé l’utilisation des « gris–gris », l’administration coloniale et raciste française l’a interdit en mettant en avant les bienfaits de la civilisation et de la science. Des efforts vains, en quelque sorte, puisque lors du départ des tirailleurs malagasy pour la Grande guerre, une vague de féticheurs étaient venus en périphérie d’Antananarivo pour équiper en « ody bala », fétiche anti balle, les soldats malagasy.

Quand les colons étaient donc partis, la légende est restée. Cette fois, le « blanc » était remplacé par une voiture aux vitres fumées, par des personnes féroces ou encore par des bêtes enchaînées aux yeux rouges. Le pouvoir politique était même taxé d’être derrière ces « voleurs de sang et de cœur ».  Dans les années ’80 et jusqu’à la fin des années ’90, ces rumeurs ont été encore entendues dans le milieu rural, parfois en ville. Les soi–disant disparitions de personnes et d’enfants inexpliquées entretiennent également ces légendes.

Maminirina Rado

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