
Jusqu’à demain, l’évènement « Mangroves 2017 » se poursuit à l’Institut français de Madagascar (IFM). Toujours dans le même esprit qu’à Mahajanga, l’objectif est de « développer une expertise et mobiliser le plus grand nombre pour l’écologie, la restauration et la gestion des mangroves. »
Le deuxième jour fut notamment consacré à la représentation que se font les communautés locales des mangroves. Il est intéressant de noter que cette représentation est différente de celle des scientifiques. Ces derniers considèrent les mangroves comme étant « un capital naturel générant des services écosystémiques améliorant le bien-être des populations qui en bénéficient », selon Gilbert David, géographe de l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement), UMR Espace pour le Développement. Pour le cas de Madagascar, voire de l’Océan Indien, les perceptions varient sensiblement d’une région à l’autre. En voie vers la co-gestion et la préservation sur le littoral nord-ouest malgache, ainsi qu’aux Comores et à Maurice, les mangroves font plutôt office de sites orphelins dans l’Est malgache.
Comptabilité verte. Une notion inédite à Madagascar a également été développée hier. Celle de la comptabilité verte qui selon la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) cherche à remédier au problème de la non-inclusion des valeurs de la biodiversité dans le système économique mondial. Dans cette optique, la comptabilité éco systémique est l’outil approprié. Depuis deux ans, des chercheurs de l’Université d’Antananarivo planchent sur le sujet en vue d’une gestion plus efficiente des parcs nationaux. « Un atelier de restitution est prévu en fin-novembre ou début décembre » avance le Pr. Solofoarisoa Rakotoniaina de l’Université d’Antananarivo.
Changement climatique. Les interventions de Dr. Christophe Proisy et de Dr. Marc Robin ont permis de comprendre l’importance de l’observation spatiale et de la cartographie, en tant qu’outils de décision quant aux pratiques durables de gestion des mangroves et leurs rôles dans l’écosystème marin et dans une visée plus large, dans le changement climatique. Les mangroves sont intéressantes pour étudier le changement climatique, car tout en étant victime de ce phénomène « naturel », elles les atténuent également. Effectivement, outre les pressions humaines, les mangroves sont décimées à cause des aléas naturels tels que les cyclones et l’élévation du niveau de la mer et de sa salinité. Paradoxalement, les mangroves s’y adaptent et arrivent même à les atténuer en luttant contre la pollution par sa séquestration exceptionnelle de carbone, la plus élevée de tous les écosystèmes. De plus, vivant dans un milieu anaérobique, elles s’en accommodent en mettant leurs racines à l’air pour capter directement l’oxygène, essentiel à leur vie. En faisant office de zone tampon, elle réduit également l’érosion du littoral, tout en le protégeant de l’invasion de la mer. Un fascinant paradoxe.
Luz R.R