
Avec No Mady, le power pop malgache a trouvé son ambassadeur attitré. Le concert à l’IFM vendredi soir a plu sans pour autant emporter dans les plus hautes sphères vibratoires.
Pour une personne présente pour la première fois à un concert de No Mady, les attentes sont nombreuses face au parcours et vu la notoriété de ce groupe. Leur concert s’est déroulé dans la soirée de vendredi dernier à l’IFM Analakely. En trois chansons tirées du spectacle, on a pu évaluer son talent autant que ses petites zones d’ombre. Dans l’ensemble, la bande a joui sur scène sur du power pop revisité. Une intensité maîtrisée qui toutefois a laissé paraître des instrumentations « psyché », sans faire sauter le public au plafond. Dans une salle remplie, en dehors des quatre premières rangées qui étaient étrangement vides, No Mady a juste rempli sa mission.
Trois chansons donc, faisant prendre au groupe sa vitesse de croisière tandis que les lumières apportaient une aura tragique à chaque titre. Comme sur « Kenonkenona », la leader et chanteuse du groupe Stéphanie Razafitrimo explique que le morceau évoque les belles de nuits. Celles poussées par la précarité afin de subvenir à elles et à leur famille. Un genre de pessimisme mélancolique mis en musique, avec la frappe dure à la batterie, une guitare moelleuse… Un mouvement électro psychédélique sur la boîte à rythme qu’écrase la chanteuse à chaque titre. Cet enrobé émotionnel s’ajuste parfaitement sans réellement convaincre.
Mistinguette. Sans doute, les oreilles déjà habituées à des groupes comme The Dizzy Brains, d’ailleurs présent en tant qu’invité, retrouvent le même moule au niveau du « spleen ». Ou alors, comme toute autre hypothèse, la nouvelle vague de rock malgache a tout juste fait le tour. Cependant, la rigueur des prémices du rock « eighties » sur le point de bouleverser quelques fondamentaux séduit chez No Mady. Un héritage lourd à porter. Dès lors, on ressent tous les acquis des tournées internationales effectuées par le band, jusqu’à rendre fier d’avoir assisté à ce concert. Ensuite, la souriante Stéphanie Razafitrimo a illuminé de sa présence la scène.
Ce groupe semble aussi naviguer en contre-sens, quand sur « Tara Lava », No Mady explose un magnifique rock garage sur les refrains. Il se transforme aussitôt en « vibefrenchie », mi-mistinguette mi-lolita rock, sur « Song For Her », une chanson d’amour en français pétillante écrite par Mialy. Un virage acoustique plaisant, à travers son regard. On sent la chanteuse très à l’aise. Pour « Tara Lava », son discours faisant paraître les Malgaches comme des êtres toujours en retard fait plutôt penser au petit bleu du bureau qu’à une vraie bousculeuse des pensées dominantes. Un concert utile en somme.
Maminirina Rado