
Réputée par le goût de ses poissons charnus, les restaurants d’Ihosy tirent certainement le gros de leur recette des plats de carpe royale et de tilapia. La pisciculture d’eau douce représente un vaste marché pour la région Ihorombe qui est en phase de devenir le fournisseur de la partie sud du pays. Une filière porteuse où les producteurs sont devenus de plus en plus professionnels grâce à l’intervention du projet AROPA (Appui au Renforcement des Organisations Professionnelles et aux services Agricoles) sous tutelle du ministère de l’Agriculture et financé par le FIDA (Fonds International pour le Développement Agricole) dans cette région. Dans le cadre de la professionnalisation des organisations paysannes, le projet AROPA a appuyé l’OPR FIMPIFI (Fikamban’ny Mpiteza Fi ou Association d’éleveurs de poisson) pour lever les contraintes liées à l’insuffisance d’alevins et de géniteurs, la non-maitrise des techniques améliorées et l’absence d’organisation de la chaine de valeur par la mise à disposition de financement et de technicien spécialisé pour encadrer les pisciculteurs.
Professionnalisation de la filière. Au début, les producteurs n’ont élevé que la carpe royale où la conduite de l’élevage comportait beaucoup de lacunes. Les techniques d’élevage ont beaucoup évolué grâce aux formations dispensées par les Conseillers en Gestion aux Exploitations Agricoles Familiales (CGEAF) et les techniciens mis à leur disposition par le Projet AROPA. Les CGEAF interviennent auprès des éleveurs regroupés au sein des organisations paysannes de base (OPB) et les techniciens au niveau régional, sur la technique d’élevage de poisson, la création d’étang respectant les normes et de l’alimentation. En juin 2014, la variété de poisson Tilapia Nilojica est introduite dans l’Ihorombe. 3 863 pré-géniteurs de tilapia ont été livrés aux producteurs d’alevins. Le choix du tilapia est dicté par sa forte capacité de reproduction rapide, ses facilités d’adaptation et croissance rapide.
Revenu en hausse. L’élevage de poissons est une source de revenus rapide et significative pour les producteurs. Et Rasoja, pisciculteur à Anaviavy de témoigner « Je possède six étangs de 18 ares. J’ai bénéficié de 400 alevins de Tilapia Nilojica du projet Aropa en juin 2014. Actuellement, je dispose près de 100 000 alevins de tilapia et 100 000 alevins de carpe plus 200 kg de gros poisson. L’élevage de poisson m’a permis de réhabilité ma maison, d’acquérir de charrue, d’acheter des zébus. En somme, c’est une activité rentable. Je peux dire que je suis devenu « riche » au vu de ma situation de départ grâce à l’élevage de poisson. J’ambitionne de devenir le fournisseur d’alevin dans la partie sud de l’île ». A l’instar de Rasoja, nombreux sont les pisciculteurs qui ont vu leur situation améliorée par la professionnalisation de cette filière.
T.H