La France a réitéré à travers son président que les îles éparses lui appartiennent, excluant ainsi tout projet de cogestion ou de restitution en faveur de Madagascar.
Alors que le président de la République Andry Rajoelina se trouve à Sotchi (Russie) dans le cadre du Sommet Russie-Afrique, le président français Emmanuel Macron a visité, hier, les îles Glorieuses, une des îles éparses dont Madagascar revendique la souveraineté. « Ici, c’est la France. C’est notre fierté, notre richesse. Ce n’est pas une île creuse. Les scientifiques et militaires qui sont là le rappellent. La France est un pays archipel, un pays monde. Ce que nous préservons ici aura des conséquences sur les littoraux, y compris dans l’Hexagone. (…) », a déclaré Emmanuel Macron. Avant de répondre à une question sur les revendications de la Grande Ile : « Je souhaite que les îles éparses fassent l’objet d’un traitement commun avec Madagascar dans une perspective de développement durable. Le modèle de développement malgache ne peut pas être antagoniste avec la prise de conscience qui est la nôtre sur les enjeux du développement climatique. Nous sommes face à un risque de nouvelle extinction de masse. A la lumière du rapport de l’IPBES, nous avons signé la charte de la biodiversité et j’ai pris des engagements au nom de la France. Dans le cadre de cette ambition, nous avons décidé le classement en réserve naturelle nationale de la Grande Glorieuse. L’ensemble des îles éparses a aussi vocation à l’être. » A s’en tenir à ces déclarations d’Emmanuel Macron, les îles éparses jouent pour la France un rôle stratégique dans la géopolitique mondiale et surtout dans la lutte contre le changement climatique. Ce qui exclut tout projet de cogestion ou de restitution en faveur de Madagascar.
Commission mixte. Au mois de mai, Andry Rajoelina a effectué en France sa première visite officielle en tant que président de la République démocratiquement élu. Durant sa rencontre avec le président français à l’Elysée le 29 mai 2019, le chef de l’Etat malgache a abordé des questions sur les îles éparses. Lors d’une conférence de presse conjointe tenue avec son homologue français, Andry Rajoelina a déclaré : « Pour le peuple malgache, l’appartenance des îles éparses est une question d’identité nationale. C’est dans ce sens, au nom du peuple malgache, que je vous demande de manière solennelle et officielle, Monsieur le Président, de trouver une solution pour la gestion ou la restitution des îles éparses à Madagascar (…) Afin de réparer l’erreur de l’histoire, je propose la mise en place d’une commission mixte afin qu’on puisse en discuter et avoir une issue heureuse à cette proposition. » Cinq mois après, étant le premier président français à avoir mis le pied sur les îles éparses, Emmanuel Macron a martelé : « Ici, c’est la France. » Ce message du président français constitue un coup d’arrêt au combat mené par la Grande Ile pour la cogestion ou la restitution des îles éparses. Le sort de la commission mixte qui était déjà mise en place en 2016 par le gouvernement français et Madagascar reste incertain. « Pour le moment, aucune date n’a été fixée pour la réunion de la commission mixte en charge des îles éparses. », a déclaré le nouvel ambassadeur de France à Madagascar Christophe Bouchard lorsqu’il a remis au Palais d’Etat d’Iavoloha, au président malgache, ses lettres de créance. La mise en place de la commission mixte est-elle encore importante ?
Recueillis par R. Eugène