Les violeurs, le diable et ses cornes
Deux gamins, de 10 ans juste révolus, ont violé une petite fille de 4 ans. C’est la dernière nouvelle qui a donné la chair de poule sur les réseaux sociaux. C’est à Madagascar que cela s’est passé, il y a quelques jours.
C’est la mère de la victime, Harivola Bakoly, qui a diffusé la nouvelle sur Facebook. Ne supportant plus l’accablement psychologique, plus difficile que la mort sans doute, puisque sa fille devra vivre avec ce passé tout le restant de sa vie. En sus, les proches des violeurs ont tout tenté pour les sortir de ce pétrin.
À se demander si finalement le diable et sa queue pointue existent sur cette Terre. Depuis un certain temps, une bonne partie de l’Humanité, les Malgaches inclus, semble réussir à faire mieux que ce soi-disant empereur du mal, voué à brûler en enfer.
Il suffit de voir le déferlement de haine sur Facebook, dont le premier acte a été perpétré par un pasteur exalté et toute sa clique sur des lieux sacrés et religieux malgaches du côté d’Ambohimanga. Des patrimoines historiques, reconnus par les spécialistes et les institutions politiques culturelles.
Entre les défenseurs de la culture ancestrale et celle introduite par l’Occident, le fanatisme religieux chez les deux parties a poussé certains à se souhaiter les pires sorts. Bon gré mal gré, les publications depuis supprimées du pasteur Ratrema, incitent la génération future à réfléchir sur la place des cultes dominants à Madagascar.
D’un côté, la religion chrétienne qui a été le « soft power » de la colonisation, moyens de pourrir une identité et sa culture. Summum du racisme et terreau du génocide avec ses simulacres de procès aux mœurs du « sauvage » colonisé. Religion titulaire des pires crimes contre l’Humanité, au nom de Jésus et de ses sandales.
De l’autre, une religion ancestrale, de plus en plus orientée vers le pécuniaire et l’ostentation, faisant fi des dynamiques d’humanité et d’universalité déjà pressenties par les ancêtres. Une pratique de foi qui se positionne souvent en victime sur la place publique, n’osant pas s’assumer en apparence.
Sachant aussi que les générations actuelles seront appelées à devenir des ancêtres dans les siècles à venir sinon à finir au paradis ou en enfer. Même la religion, ultime refuge des âmes accablées, la mère d’une fillette violée de 4 ans par exemple, n’est pas épargnée par la dialectique de la pauvreté.
S’il est un démon, c’est bel et bien cette dernière. Ses cornes sont la corruption, sa fourche l’injustice.
Maminirina Rado