Tamatave « l’a dans l’eau ». Tamatave touche le fond, première incriminée : la météo. Les images des quartiers populaires inondés du Grand Port depuis une semaine font penser à du déjà-vu. Sur les réseaux sociaux, les habitant(e)s de ces secteurs submergés sont à la fois en colère et résigné(e)s. « Ils sont là depuis quatre ans, le mauvais temps revient chaque année avec son lot d’inondations. Alors, pourquoi chaque année c’est pareil ? », se demande un internaute. « Arrêtons de jeter nos ordures dans les canaux », s’insurge une autre. Sans oublier « ces constructions illicites qui bouchent les évacuations », signale un individu ne sachant plus où donner de la tête. Rien ne va plus, à part les initiatives populaires qui s’unissent pour dégager l’eau jusqu’à la taille parfois dans leurs rues et leurs couloirs. Des initiatives citoyennes à ne pas mettre au crédit d’une quelconque entité politique ou administrative, générant des réactions de fierté à travers Facebook. Une belle occasion de « récup’ » pour les politiciens et politiciennes, élections à l’horizon obligent. La population tamatavienne possède cette énergie ultime, cette faculté inattendue à se rassembler face à l’adversité. Un bel exemple à suivre. À Antananarivo, la montée des eaux n’est plus une nouvelle, la population fait avec.
Coca-Cola le « dream » retrouvé. Le retour effectif, début février, de la marque américaine « Coca Cola », symbole du capitalisme triomphant dans sa version désaltérante, sur les rayons et chez les épiciers malgaches a suscité l’intérêt des « facebookeurs » et « facebookeuses » de la Grande Île. Une mère internaute fait la remarque, « trop chère (la bouteille donc) vaut mieux du jus naturel ». Certains poussent à l’adoration, « toujours copié, jamais égalé ». « Est-ce qu’il y en aura dans les régions », s’interroge un amateur de « coke » quelque peu sceptique. Malgré une économie malade, un panier de la ménagère dans les abysses de la consommation, les Malgaches participent en citoyen du monde à la diffusion du rêve « Coca-cola ». Il est un vecteur de la vision du monde américaine, à travers ses publicités et sa visibilité dans les grands évènements mondiaux, aux côtés des Marlboro, American Express, Levi’s, Converse All Stars, hamburger et tous ces bibelots qui permettent pour le considéré « indigène » durant la colonisation de tendre vers ce rêve américain par valeur idyllique. « D’autant que le prix est abordable et le goût meilleur que celui de remplacement », se réjouit une dame connectée. Frisant l’insolite, effet illusion ou subterfuge du subconscient, quand le marketing arrive à influencer la perception des sens du goût.
Maminirina Rado
