Boriziny ou Port–Bergé, 1er juillet 2022, les notables du district ont alerté les autorités sur les agissements de groupes d’individus venus du Sud, des « Antandroy » disent certaines langues. Sans mesures adéquates, les « Sojabe » du groupe humain Tsimihety ont prévenu qu’ils allaient prendre des mesures. Cette première déclaration laissait déjà planer les perspectives d’affrontements civils entre Malgaches. 4 juillet 2024, deux hommes soupçonnés d’une attaque sur fond de règlement de compte ayant coûté la vie à une mère de famille sont tombés dans une vindicte populaire mortelle dans le district. À en croire ces deux informations, cela faisait deux ans donc que couvait une colère sourde, un attentisme meurtrier chez la « population d’accueil ». Après la mort des deux hommes, un appel à rassemblement a eu lieu pour une vengeance. Au final, deux maisons ont été incendiées à Tsiningia, la localité la plus meurtrie. Les autorités ont réussi à stopper les velléités des « deux camps ». Au-delà de ces drames se trouve la réalité d’un Madagascar d’aujourd’hui. Migration de la faim, déplacement et occupation de terres pas prêtes à accueillir des vagues humaines, sur le plan sociétal et économique. Pauvreté et insécurité, le mariage tragique. Démographie galopante hyper localisée et braderie parfois sauvage des terres et terrains faisant fi du petit peuple-paysan. Frustration collective qui se transforme en violence gratuite au détriment des lois juridiques et morales. En fin de compte, des Malgaches sont livrés à eux-mêmes. La seule solution proposée vient des agents d’un d’« Etat Nation » enraciné dans une sorte de paternalisme colonial. Obnubilé par lui-même, à l’instar du ministère de la Population qui a été plus enclin à faire des dons et des selfies ces dernières années que de dégoupiller des tensions latentes. Quand tout explose, les auto congratulations pleuvent de la part de ces agents de cet appareil administratif. Pourtant dans ce genre de cas, un Malgache mort est toujours un mort de trop.
Maminirina Rado
