10-12 ans, âge record pour devenir caïd. Le danger peut maintenant surgir de partout à Antananarivo. Signalé et partagé sur Facebook, le cas de ces gosses de « 10 à 12 ans » transformés en caïds dans les rues d’Anatihazo Isotry. Selon la publication, ils détroussent les écoliers, fouillent les cartables, s’emparent des goûters et des fournitures scolaires. En général, ce sont les enfants qui ne sont pas accompagnés par leurs parents ou les aides de maison qui en sont les victimes. Ils sévissent durant la matinée, à la rentrée des classes, et à la sortie des cours. Le décor : la capitale de Madagascar, « un pays qui aspire à se développer » selon la formule en vogue actuellement. La ville des Mille est devenue une loque vivante, grouillante, sans âme et sale, de ces vagabonds qui errent dans les rues en une nuit de pleine lune pour mieux exposer sa décrépitude. Tana est sans aucune perspective, sans aucune carte à jouer, la dernière, pour rétablir le bon vivre dans cette ville où les nuits étaient paisibles, il y a encore une quinzaine d’années. Voire plus loin. Les fracas des vols à l’esbroufe et des cambriolages étaient alors des sujets d’étonnement. La mendicité collée à l’exode rural pouvait se résorber par un retour au village d’origine ou un travail de main d’œuvre trouvé. Aujourd’hui, l’encerclement démographique de la périphérie gagne de plus en plus le centre-ville, il suffit de voir les taxis-bicyclette en plein Antanimena, 67 ha, Anosy, Analakely… des chauffards à pédales. « 10 à 12 ans », dans des contrées et à une époque plus ou moins lointaines, la fourchette d’âge moyen des enfants soldats en Afrique. Ils étaient drogués et dépouillés de leur innocence pour commettre des massacres et des viols. Pauvreté, voilà ce qui explique 90% des raisons. Il ne faut pas chercher d’explications ailleurs. Le pays est pauvre, Madagascar vit ses pires heures en ce moment. Et les instances spécialisées prévoient encore une inflation, alors l’aboutissement risque d’être tout simple, l’empereur éthiopien Hailé Sélassié de passage à Madagascar en 1965, l’a bien résumé.
Maminirina Rado