Sortez les vrais chiffres

Avec des « si », refaire un monde est facile. S’il suffisait de dresser les statistiques de ce déferlement d’insécurité et de violences sur le pays, de Tamatave à Majunga, de Tananarive à Diego–Suarez dont le retour des Foroches serait imminent. Rien que dans les grandes villes, Madagascar a l’allure d’un beau gâteau, crémeux, sucré et alléchant, sauf que la pâte est faite de sang et de viscères fraîches. Pour avoir une idée précise, puis trouver des pistes pour combattre cette insécurité, rien de mieux que les chiffres. De quel milieu social viennent ces délinquants et meurtriers ? Quels sont leurs revenus mensuels ? Ont-ils des emplois fixes ? A en croire les images sur Facebook, les réponses coulent de source. Avec des chiffres, le problème d’insécurité deviendrait alors politique et non plus individualisé. De par la fréquence des actes de banditisme et des esbroufes actuelles, serait–il possible de dresser des bilans chiffrés utiles ? Ceux-ci pourraient même orienter plusieurs politiques. A part les résultats à la « Rambo » du nombre d’arrestations et d’individus neutralisés. Si la majorité des bandits sont des chômeurs ou des petites mains au salaire de misère, il y a peut-être une politique de l’emploi à revoir. Si celle-ci est composée de déscolarisés, peut-être une politique de l’enseignement à recalibrer. Si la motivation de la plupart de ces « méchants » était tout simplement alimentaire, peut-être trouver des solutions rapides et pérennes à la cherté de la vie est nécessaire. Dans certains pays, c’est tout de même possible. Des statistiques qui aident vraiment la société. En apparence, l’insécurité à Madagascar est une hydre. En coupant une tête, dix autres repoussent. Phénomène international, les groupes terroristes islamistes, les gangs latinos… recrutent ses bras cassés dans les quartiers défavorisés. Un vivier intarissable de jeunes influençables, où la haine et le prix du sang sont les valeurs essentielles. Cette insécurité dans la Grande île est-elle aussi socio-localisée ? D’après la criminologie, la violence des actes reflète le niveau de haine chez un individu. Un coup de couteau est différent de dix ou vingt. La vidéo « facebookisée » du meurtre du pauvre Tahina Randriamahefa à Tamatave donne le niveau de cette animosité collective. Au lieu de statuer sur des « changements de mentalité », de « Malgaches jaloux », etc. Il est temps de vraiment voir la réalité, sortir les chiffres.
Maminirina Rado