Il n’y a qu’à Madagascar que se côtoient allégrement l’amertume et l’espoir, grâce à des histoires anodines mais bouleversantes comme seuls les malgaches savent en vivre. Le 28 octobre, un jeune homme poste sur facebook un avis de recherche sur sa mère, accompagnée d’une lettre manuscrite de celle-ci datant de 1990. « Vous qui connaissez ma mère, Mme X, je veux la retrouver, voici la dernière lettre qu’elle m’a écrite et depuis je n’ai plus de nouvelles d’elle, je ne l’ai plus revu… Elle serait de Tamatave ». Déjà, en lisant le message et en voyant l’aspect de la lettre, bien conservée, il y a ce petit quelque chose de tragique. Comme si cette pièce allait tenir un rôle important un jour.
A la lecture de la lettre, avec une écriture bien travaillée, ordonnée et visant à l’essentiel, l’estomac se noue quelque peu. Là-dedans, la mère écrit, « Quelles sont les nouvelles chez vous ? Ici, il n’y en a que pour les Jeux des Îles ». Apparemment, elle ne l’a pas adressé directement à son fils, mais à celui qui s’occupe du petit. « Ils m’ont demandé sa copie, mais cela n’a pas encore été faite. Puisqu’il est né à la maison mais pas à l’hôpital, il faut aller au tribunal pour le faire ». Ensuite, avec tout l’amour qu’elle porte pour son fils sûrement, elle ajoute. « Si tu te maries ou tu trouves une petite amie, je n’aimerai pas que ta future femme lui fasse souffrir… C’est moi qui aurait dû l’emmener à Antananarivo mais je n’avais pas assez d’argent pour les frais ».
Une histoire qui rappelle « Lion », le film de Dave Patel, sorti en 2016. Celui d’un fils perdu, oublié, rejeté, peut-être ? Celui d’un fils qui, quoi qu’on en dise, a entendu l’appel du sang. Y croire ou pas, c’est à chacun de choisir. Cependant, il n’a pas hésité à rendre public son souhait légitime de revoir cette femme. Il s’affiche en tant que progéniture qui veut retrouver sa « vraie mère qui l’a mis au monde ». Ces dernières années, des cas pareils de fille adoptée vivant à l’étranger, fils perdu de vue,… apparaissent de plus en plus. Certaines personnes n’hésitent pas à donner le tort aux parents, probablement éblouis par leur jeunesse à l’époque ou oppressés par la précarité. Le jeune homme, de par son acte, est déjà prêt à assumer tout cela, à revivre encore une fois son histoire.
Cette quête, hier vers 7h, une femme lui répond sur sa publication. « C’est ma tante que tu cherches, ta mère vit ici à Tana ». La réponse innocente du jeune homme donne des frissons. « Je vis aussi ici à Tana, à Soavimasoandro ». Qui sait alors que durant tout ce temps, fils et mère se sont un jour croisés quelque part dans la capitale sans se reconnaitre.
Maminirina Rado