
Sur les réseaux sociaux, il y a cette tendance plaisante d’assouplissement linguistique, mais aussi quelque peu nauséabonde, celle qui traverse une partie de l’opinion publique telle une idée de langue « raciale » et stigmatisante. Et le Premier ministre Christian Ntsay, lors de son discours à la nation, dimanche soir, a été soumis à ce deuxième état de fait. « Facebook » a encore servi de médium de choix. Avant tout, il faut bien tenir des précisions pour que chacun et chacune aient une idée de la langue malgache. Une langue truffée d’emprunts. Dont le parler des terres centrales, surtout du groupe humain « merina », se rapproche le plus des sources africaines. Tandis que celui des terres maritimes a, quant à lui, conservé plus de traits communs avec les langues asiatiques. Il faudra bien le croire, la linguistique et ses spécialistes malgaches l’ont déjà maintes fois prouvé. Durant même son discours, le Premier ministre Christian Ntsay essuyait déjà les critiques. En résumé, il a été traité de « quelqu’un ne sachant pas du tout parler le malgache ». Pour une personnalité publique et politique de son rang, cela a tout de même un air d’affront. Certains commentaires « haineux » ont été repris par d’autres. « Il aurait mieux fait de parler dans sa langue mère, l’Antakarana qui est aussi du malgache, et que chacun se débrouille », s’insurge un internaute. Ensuite, le tout glisse vers des séances de tapages aux relents historico–raciaux. C’est dire la place de la langue dans la société, mais aussi l’équilibre précaire sur lequel elle se trouve à Madagascar, sans doute moins heureusement, que dans plusieurs pays du monde. D’où la nécessité d’une politique de la langue.
Maminirina Rado