Malgré tout. Malgré les délestages. Malgré l’insécurité. Malgré un pouvoir d’achat dans un trou sombre profond. Malgré un déni institutionnel de la pauvreté extrême de Madagascar. Le « Malgache », celui du quotidien, démontre toujours cette capacité à être « Humain » dans ses derniers retranchements. Ce monsieur devenu un « héros » sur Facebook, hier en est le parfait exemple. Sa publication disait : « Vous qui avez laissé tomber une pochette entre Ampefiloha et Anosy, veuillez contacter le numéro 03X XX XXX XXX, il y a une grosse somme et un téléphone dedans ». Le post était illustré d’une photo de liasse de billets. Une somme en apparence pouvant payer en une seule fois sa facture d’électricité, un demi sac de riz et des produits indispensables du quotidien. Et lui, il préfère rendre le tout à son propriétaire qui probablement ne s’attendait plus à revoir son argent. Son geste a ému toute la planète Facebook, « Que Dieu te bénisse », « Que Dieu mène ton chemin », « Que Dieu récompense ton geste au centuple », … réagissent les internautes. Un brin pathétique, mais normal dans un pays où la pauvreté extrême a détérioré le tissu social. Ici, l’ascension sociale se démontre par le pouvoir de dépenser et de posséder, ici aucun repère n’est plus légitime à part l’apparence physique et le paraître social, ici les muscles et la « grande gueule » ont remplacé l’intellect. Il ne faut pas oublier qu’il fut un temps à Tananarive, où existaient bel et bien le savoir–vivre, le respect mutuel, la légèreté et la joie de vivre, la sécurité dans les couloirs, en effet, pouvoir rentrer seul à pied à 2 h du matin depuis la Haute ville jusqu’à Isotry fait maintenant partie des légendes urbaines. Ainsi, le geste honorable de cet homme, un vrai « Tananarivien », rappelle cette belle époque. Ce bon monsieur d’où qu’il vienne fait sûrement partie des « Mille qui ne meurent en un jour ».
Maminirina Rado
