
L’équilibre du vivre ensemble a, semble-t-il, été dénaturé sur les réseaux sociaux samedi dans la matinée, diffusant avec largesse l’image des couloirs et des petites ruelles populeuses dans la matinée du premier jour du premier week-end de confinement. La Capitale se voulait être l’exemple d’un confinement total respecté par une population, à espérer, être disciplinée. La première demie journée du 24 avril, d’après les images diffusées sur Facebook, a été loin de cet espoir. Que ce soit à Ambohimanarina, Ivandry, Andranomanalina, etc. la foule s’est bousculée dans les marchés de proximité. Cadre rêvé pour un virus aussi contagieux que la Covid–19, dont le variant se balade déjà sur le sol national. Et les commentaires fusent : « c’est une question de mentalité », « des irresponsables, ou qui sont les responsables ? », « c’est seulement à Madagascar que… », etc. On imagine bien que ces commentateurs et commentatrices calfeutré(e)s devant leurs écrans de smartphones. Bien heureu(ses)x d’être forcé(e)s à rester à la maison en ce week-end, là où le confinement total est un luxe. Et comme toujours, une occasion de plus pour le petit peuple d’être à la racine de tout le malheur économique et social du pays. Le petit peuple qui vit dans les cités, loin derrière les premières façades des rues de la Capitale. Les « bas-quartiers », comme on dit. Une internaute réagit tout de même : « arrêtez de les affliger, ce ne sont pas eux qui ont introduit le virus depuis l’étranger. Avant, ils vivaient tranquilles dans leur communauté ». Une autre s’insurge : « et voilà, c’est la population qui se déchire entre elle. A ce rythme, les responsables s’en tireront à bon compte ». Voilà donc comment une certaine catégorisation de la population semble cristalliser toute la frustration d’une autre catégorie de la population. Dans l’ensemble, une masse divisée et amère, quoi qu’on en dise, aux espoirs confinés depuis ces dernières années maintenant.
Maminirina Rado