
Le temps des regrets et au bout le pardon d’un fils. La vie du petit Dylan, un garçon de 11 ans habitant à Amboditanimena Soavimasoandro, a été prise en otage par la bulle « Facebook » en l’espace d’une semaine. Le 14 décembre, une vidéo a été partagée par une riveraine, montrant le père du petit grondant de manière « assez brutale » sa progéniture. Le voisinage sort, alerté par les cris de la mère et d’autres personnes autour. Voilà, le « buzz » est ficelé.
Il a suffi de quelques heures à la scène pour générer des milliers de réactions de tous les horizons. Antananarivo, Antsiranana, Toamasina, Mahajanga, Antsirabe et Fianarantsoa, tout le pays semble s’être donné le mot pour réagir sur cette nouvelle affaire. En somme, deux rives se sont formées. Celle qui exigeait un châtiment exemplaire à l’incriminé d’un côté. De l’autre, celle qui était pour les punitions sévères et corporelles aux enfants face à cette société décadente. Quelques jours après, le père s’est rendu à la police.
Premier cri de victoire pour les « accusateurs » du père, désolation pour les défenseurs de la méthode « brutale ». Les choses s’accélèrent, après une audition au tribunal, le père est placé en détention provisoire. Le drame de cette année. Une vidéo de l’enfant en pleurs se repentant à genoux suppliant son père de rester, a fait le tour de la toile. Stupeur chez les deux camps. Cette décision du juge a été une douche froide. Personne n’aurait jamais pensé que le pauvre enfant allait être privé de son père, malgré ses larmes en public.
Au-delà d’un père « fautif » châtié, d’une famille chamboulée, se trouve un enfant de onze ans complètement déboussolé, seul au monde. Psychologiquement, son âge est intégré dans ce qui est appelé l’« âge de nous ». Tendance naturelle à s’identifier à un groupe de pairs. De 10 à 11 ans, l’enfant est attiré par les défis physiques, raison pour laquelle il commence à s’intéresser au sport. Son comportement se focalise plus sur son entourage et il voudrait s’affirmer dans celui-ci. Quand le pauvre Dylan s’ouvre enfin à son monde, la société vient de lui offrir le meilleur des cadeaux.
Une société hypnotisée par une quelconque « promesse » numérique. « Soumise aux alertes » et aux publications. Pensant être libre, pourtant emprisonnée derrière son écran. Avide d’une simple satisfaction de se sentir écoutée, perdante ou gagnante « on s’en fout », dans cette bulle soi-disant affective.
Le quadragénaire vit ses temps de regrets au trou, probablement moins d’avoir châtié son fils que de lui faire vivre une situation pareille : étalage public, audition judiciaire, tension familiale, séparation douloureuse, etc. Que même une grande personne ne pourrait supporter. Mais Dylan est monté à un niveau au-dessus. Il a pardonné à son père. A en croire les vidéos partagées. Et rien d’étonnant car d’autres « Dylan » pourraient bifurquer vers le côté obscur avec le temps. A ce moment, un « buzz » de plus pour ces « facebookers », cette bonne conscience virtuelle. L’humanité tapie et enfouie en soi pousse cependant à se demander si cette société, de toutes les rives, mérite le pardon d’un Dylan.
Maminirina Rado