
Un homme ou une femme, tout sourire. Une agglutination humaine avec des regards lumineux d’espoir. Un décor populeux, bas-quartier, canalisation verdâtre d’eau usée, jeunes des couloirs… Quand on scrute les propagandes législatives sur les réseaux sociaux, et notamment facebook, cela donne l’impression que les élections se joueront surtout auprès de la classe ouvrière à Antananarivo. Aucune image, par exemple, de candidats ou candidates dans les beaux quartiers de la ville, sous l’œil impassible des hommes en uniforme de sécurité privée. Même les véhicules pétaradants de sophistication n’osent pas fouler les ruelles de ces lieux.
Dans les allées de la basse ville, sur leurs places publiques, même à 18 h 30. Quand les chaumières commencent à se préparer sobrement pour une nouvelle semaine de travail. Ces voitures aux allures de vaisseaux d’extraterrestres, certaines sont surmontées d’un groupe électrogène, n’hésitent pas à mettre le volume à fond. Voilà un schéma assez criard de populisme résumant en partie, comment les politiciens représentent de leurs approches et de leurs gestes le fond électoraltananarivien. Comme si les gens aisés ne sont pas concernés par les élections, par ricochet à la vie de la nation. Ou alors, comme si leurs discours n’étaient pas destinés à une certaine catégorie de citoyens.
Des questionnements qui méritent des réponses. Sur facebook, on remarque également cette nouvelle mode de mettre la main à la pâte. Quitte à se vendre, comme l’image et la politique sont inséparables depuis l’arrivée de la caricature, certains et certaines prétendants n’hésitent pas à curer les dalles ou à pousser une brouette de chantier. L’image du politicien amical, poignée de main chaleureuse, sourire de circonstance est devenue trop courante. Autant pour le futur élu que pour ses électeurs. Comme si tout le monde se disait derrière leur tête que « cela fait partie du jeu, alors, soyons tous joueurs ». Ensuite, quand le candidat ou la candidate quitte les lieux, chacun zappe le moment avec des tee-shirts sous les bras.
Le politicien et la politicienne doivent maintenant montrer de l’audace, oser se salir et avoir un débit verbal largement au dessus de la moyenne. En effet, les réseaux sociaux ont quelque part rendu la politique plus bavarde. Rien qu’en voyant les couleurs des partis, les couleurs vives semblent prendre les devants. Les discours sont formatés avec les gestes. Si tout semble être calculé, c’est plus une cacophonie qui en sort qu’un vrai discours d’une personne consciente de son rôle et de ses responsabilités. Tant les symboles forts sont dominés par un manque de maturité et une sorte de précipitation.
Maminirina Rado