
Une affaire qui cristallise tout ce que le Madagascar de facebook possède de côté obscur. Le 1er décembre, un avocat se fait tabasser et humilier en pleine rue, avec un ami, à Antanimena dans la matinée. A ce qu’il paraît, au sortir d’une boîte de nuit dans les parages. Sans le savoir, les deux garçons qui ont été les plus impliqués dans ce déferlement de violence, ont été filmés par deux usagers/passants. Toute la scène a ensuite été partagée sur les réseaux sociaux, notamment facebook.
Le buzz est lancé. En quelques minutes, le nombre de vues a dépassé les milliers, les partages qui servent de « taux d’audience et d’efficience » s’alignaient par centaines. Aussi vite qu’elle est apparue, la capsule s’est retrouvée dans tous les groupes de discussions sur la plateforme. De la part des internautes, les deux jeunes hommes se sont vus affublés de tous les noms d’oiseau. Leur faute est indiscutable, d’autant qu’ils ont osé poser les mains et pointé une arme à feu sur un avocat en exercice. L’étau facebook s’est refermé pour ne plus les relâcher.
Avec le recul, on a tendance à penser que les deux boxeurs des rues ont aussi servi d’exutoire à toute une frustration, parfois voulue, des malgaches. Ces derniers qui sont depuis des années en contact médiatique avec les faits divers les plus sordides, avec des intouchables qui se croient tout permis. Avec ces petits malheurs qui, à force de s’agglutiner sape le moral, ces gens qui perdent du jour au lendemain leur terre à cause de quelques gros sous, des viols, des meurtres, des vols, des chômeurs par milliers, des dégradations… Comme si tout cela n’allait jamais prendre fin.
Et quand ces malgaches ont l’occasion de régler leur compte à tout ce qui pourrait représenter l’injustice, le favoritisme, la corruption, les privilèges aveugles, le pouvoir oppressif… Quand ils se retrouvent devant un cas où tout cela se rassemble, ils passent le message. Combien même, la violence des propos sur facebook a rendu anecdotique la contre-attaque médiatique des deux jeunes hommes incriminés. Ils ont fini en prison.
Le caractère limité des utilisateurs des réseaux sociaux malgaches a été aussi démontré dans cette affaire. Il existe tout de même d’autres outils comme Twitter, Snpachat… Ils sont aussi assez puissants pour mondialiser une information. Par exemple, Twitter est utilisé par l’un des hommes « les plus puissants du monde », pour donner du swing à sa diplomatie.
La victoire des défenseurs de facebook contre les anti-facebook qui jurent de vouer, un de ces jours, cette plateforme de partage au bûcher a été sans appel sur cette affaire. Quand des jeunes minettes se font lynchées sur le réseau pour quelques écarts de langages. Quand des gens biens intentionnés s’amusent à diffuser la cause raciale dans leur opinion politique en pleine période électorale. Quand des individus prétendent vendre quelque chose qui ne leur appartient pas, et exigent des avances… Pour une fois, facebook s’est converti en un instrument de justice national vérifiable et efficace.
Maminirina Rado