Ainsi la vengeance risque de prendre en otage la justice. Les milliers de commentaires des Malgaches, d’ici ou d’ailleurs, sur les réseaux sociaux se félicitent de l’interpellation d’une femme influente de la sphère d’Andry Rajoelina, des perquisitions chez des ténors du parti « Mapar ». « Le karma existe ». « C’est à votre tour maintenant ». « Vous avez fait souffrir le peuple pendant votre règne », etc., se réjouissent les internautes. Serait-ce la colère légitime de 16 années de peur, de terreur politique et idéologique, d’annihilation de la liberté ? Un exemple des plus absurdes, le jeune Mendrika Nantenaina Razafimahefa s’est fait emprisonner pour avoir adressé un pouce baissé lors du passage du cortège présidentiel au niveau du By-Pass en juillet 2022. Quoi qu’il en soit, le retour de manivelle n’est pas l’essence de la justice. La vengeance est toujours aveugle. La justice éclaire, restaure l’équilibre social tant qu’elle soit libre et incorruptible. « Veuillez accélérer les plaintes et les recours au tribunal sur les affaires de détournement sous le sceau de l’ancien chef d’Etat », avance avec justesse un internaute. La solution accessible pour déglacer toutes les velléités agressives politiques. Dans un monde libre, il est légitime de se demander si ceux qui réclament « vengeance » aujourd’hui n’étaient pas déjà impliqués dans les dérives du passé, en 1998, en 2003, en 2011, en 2016 et toutes les autres années. Nul ne sait si les anges des anciens et du tout ancien pouvoir ne sont des « belzébuths » de l’ombre, trafiquants de richesse nationale, commanditaires de meurtre ou d’emprisonnement arbitraire. Tout un amalgame qui risque de retomber sur les épaules de ce pouvoir au train où vont les choses.
Maminirina Rado
