Décapitations, enlèvements, vindicte populaire… « Facebook » et ses « Rest in Peace » ont encore frappé ces dernières semaines. L’autre terminologie des faits divers numériques malgaches, devenue presque aussi banale qu’un accident de la route ou d’une attaque de « dahalo », c’est : « tsy misy ny aina nafoy ».
« RIP » et « Tsy misy ny aina nafoy », ces deux expressions ont accompagné les usagers des réseaux sociaux malgaches, intra et extra-muros, depuis maintenant une dizaine d’années. A croire que le malheur est devenu mécanique dans ce pays. Alors, tel un automate, les images violentes sont accompagnées de l’immanquable « Tsy misy ny aina nafoy ».
Ou encore, dans le pire des cas. Lors d’un décès répertorié, le « RIP » est de rigueur. Ces derniers temps, comme pour s’excuser de la curiosité morbide, les prières adressées au cieux prennent de plus en plus la place du fameux « RIP ». Le dernier cas de vindicte populaire d’un voleur d’épi de maïs à Ambositra a ému l’opinion numérique.
Apparemment, celle-ci est de moins en moins favorable à la justice populaire, qui finit souvent au cimetière pour le présumé coupable ou l’incriminé pris en flagrant délit. Une vague de condamnation a suivi la publication de cette exécution collective, l’individu a perdu la vie des suites de ses blessures.
Est-ce qu’il aurait quelque part souhaité partir ainsi ? Mourir pour satisfaire un besoin vital, se nourrir, si ce n’est nourrir sa famille. Si sa vie l’a poussé à voler, au moins sa mort a incité une conscience collective anti–vindicte populaire à réagir. Sur les réseaux sociaux, pour l’instant.
Maminirina Rado



