Même si le trafic d’or a des retombées négatives sur le métier que font les bijoutiers, rares sont ceux qui acceptent d’en parler.
En se baladant au fond d’Analakely, il n’est pas rare de se faire interpeller. Fait troublant, les personnes qui nous apostrophent sont à la recherche d’or et souhaitent en racheter. Il semblerait qu’il existe donc un trafic à ciel ouvert et à l’abri de toute régularisation. Mais cela a-t-il un impact sur les métiers qui travaillent l’or : les bijoutiers ?
Une des rues qui se jettent sur Antaninarenina est celle des bijoutiers. Sur chaque trottoir se tient une dizaine de boutiques. Ici, tous ont connaissance de ce trafic. Mais, peu sont friands d’en parler comme si leurs langues étaient liées. Cependant, la pépite rare existe, c’est-à-dire : une langue loquace et dénouée.
Un constat s’impose. Il s’agit de la hausse du prix de ce métal si convoité. « Effectivement, il y a une augmentation du prix. Je ne sais pas si cela est dû au trafic d’Analakely ou pas, mais une chose est sûre, c’est que cela fait augmenter la demande et donc le prix », confie un fabricant. La demande des pays émergents est elle aussi en nette progression, ce qui a une influence directe sur le prix.
Difficulté à trouver de l’or. Mais, ce n’est pas tout, se procurer de l’or est devenu un calvaire pour certains commerçants. «C’est de moins en moins évident d’en trouver. Mais on en trouve toujours d’une manière ou d’une autre », avoue un bijoutier. Cela peut surprendre, alors qu’on sait que la Grande Ile possède des réserves importantes de ce précieux métal jaune. D’ailleurs, certains commerçants n’hésitent pas à racheter des bijoux à des clients ou à de plus petites bijouteries pour refondre le métal précieux et le refaçonner comme bon leur semble.
Dès lors, qu’est-ce qui peut expliquer l’existence d’un tel trafic et que fait le gouvernement pour contrôler cet écart ? Un façonneur de bijoux a son explication : «S’il existe un trafic, c’est que la Banque Centrale ne remplit pas son rôle. L’Etat dit que seule la Banque Centrale peut vendre ou exporter de l’or malgache. Or, elle ne le fait pas. C’est une incitation à créer un trafic. » Le métal jaune est donc devenu un business juteux et qui rapporte. Les vols à la tire en sont une preuve. De plus en plus de femmes se font arracher leurs colliers ou boucles d’oreilles en pleine rue. Une bijoutière le reconnaît elle-même : « Si on sort, par exemple, on ne met pas de bijoux. »
Stéphane Pierrard (Stagiaire)