
La création de richesses et le renforcement de la résilience nécessitent une qualité des transports routiers, selon la Banque Africaine de Développement (BAD). Et pourtant, ce sont dans les pays en difficulté que les infrastructures routières sont négligées.
A quoi bon développer le secteur agricole si l’on ne peut pas trouver des débouchés ? Ce n’est qu’un exemple démontrant que l’absence d’infrastructures de transport routier viable est un obstacle majeur à l’intégration régionale et aux échanges commerciaux, selon le groupe de la BAD. Cette institution affirme que les zones enclavées ne peuvent ni bénéficier de la politique de renforcement de la valeur ajoutée des produits du secteur primaire, ni s’attaquer aux sources de fragilité. En effet, les projets de réhabilitation d’infrastructures routières figurent parmi les principaux domaines d’interventions de la BAD. A Madagascar, cette banque finance le projet de réhabilitation de 107 km de route sur la RN9 reliant Toliara et Analamisampy, une zone à forte potentialité agricole dans la région Atsimo Andrefana. Dernièrement, c’est le Sénégal qui a bénéficié d’un financement de la BAD, de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et de l’Union Européenne, pour un projet d’infrastructure routière s’élevant à 170,51 millions d’Euros.
Impacts multiples. Outre l’amélioration des infrastructures et la facilitation des échanges commerciaux, les investissements dans le transport routier favorisent également l’employabilité des jeunes, le progrès technique dans le secteur du BTP, la création d’emplois, la transformation et la valorisation des productions agricoles et même le développement du secteur des services, a indiqué la BAD qui a cité, entre autres, la restauration, le tourisme, l’artisanat, etc. « Ce genre de projet entraîne toujours des impacts positifs pour les populations. Il offre une meilleure accessibilité et des opportunités de nouvelles activités, à l’exemple de la transformation des produits agricoles », soutient la BAD.
Grand acteur. Depuis le début de la quatrième République, le groupe de la BAD figure parmi les principaux bailleurs de fonds de Madagascar. D’ailleurs, les cinq grandes priorités de cette institution, que sont les fameuses « High-5 », coïncident parfaitement avec les priorités indiquées dans le Plan National de Développement de la Grande Ile, incluant, entre autres les infrastructures, l’énergie, l’amélioration de la qualité de vie de la population, la nutrition et la résilience… Depuis 2014, les opérations appuyées financièrement par la BAD, dans le secteur public, se comptent en plusieurs dizaines. De même dans le secteur privé où cette institution financière intervient activement. En mars dernier, l’institution africaine a signé cinq accords avec Madagascar. Les deux premiers financements sont dédiés au Programme de promotion de l’entrepreneuriat des jeunes, avec un montant de 7,23 millions USD comprenant 6,23 millions USD d’éléments-dons. 410 jeunes, dont 50% de femmes bénéficient du projet à travers des formations et des financements de projets, pour les aider à devenir des chefs d’entreprises dans les chaînes de valeurs agricoles et agro-industrielles. Deux autres financements d’environ trois millions USD seront dédiés à la préparation des projets à financer en 2019. Il s’agit de l’étude du projet de renforcement et d’interconnexion des réseaux de transport d’énergie électrique à Madagascar (PRIRTEM). Cette étude permettra de préparer le grand projet de construction de la ligne de transport Tamatave – Antananarivo associé aux travaux de renforcement du réseau de distribution d’Antananarivo. La deuxième étude porte sur la préparation du Projet de Pôle intégré de croissance agroindustrielle dans le Sud (PICAS), d’après les explications du représentant résident de la BAD, Mohamed Abdallah Cherif. En ce qui concerne le dernier accord, il s’agit d’un don d’urgence d’un million USD, qui sera alloué dans la lutte contre la résurgence de l’épidémie de la peste.
Antsa R.