
Le locataire de Mahazoarivo a devant lui de multiples défis à relever pendant les quelques mois qu’il passe à la tête du gouvernement de consensus.
Va-t-il s’en sortir ? Lors du Conseil de gouvernement de mercredi dernier, les ministres issus du Mapar ont soutenu une date du mois d’octobre pour le 1er tour des prochaines présidentielles, tandis que ceux du HVM ont proposé un calendrier normal prévu par la Constitution qui tient compte de l’expiration du mandat de l’actuel président de la République. Entre ces deux extrêmes, le Premier ministre Ntsay Christian est arrivé à imposer une solution médiane en fixant la date du 1er tour au 07 novembre de cette année et celle du 2e tour au 19 décembre. Mais, le locataire de Mahazoarivo n’est pas encore sorti de l’auberge quant aux problèmes liés aux prochaines élections. Il a encore en face de lui un front qui milite bec et ongles pour la refondation de la Nation. Le parti ADN (Antoko sy Dinan’ny Nosy) d’Edgard Razafindravahy et une centaine de formations politiques membres du HFI (Hetsika ho an’ny Fanorenana Ifotony ho an’i Madagasikara) s’opposent à toute précipitation dans la tenue d’élections. Ils ont signé vendredi dernier à Andohalo une Convention où ils s‘engagent sur trois choses : élections au niveau des « Fokontany » avant toute autre élection ; révision de la Constitution et des lois électorales ; mise en place du mouvement des citoyens pour la refondation.
Place du 13 Mai. Par ailleurs, pendant qu’il est à la tête du gouvernement de consensus, Ntsay Christian est amené à faire face aux différentes revendications syndicales qui se durcissent sur la Place du 13 mai et dont les incidences financières n’ont pas été prises en compte dans la Loi de Finances Rectificative (LFR) pour 2018, récemment votée à l’Assemblée nationale. Hier, le chef du gouvernement a reçu à Mahazoarivo les représentants des enseignants en grève. Les deux parties se sont engagées à trouver des réponses aux revendications de ces enseignants. Sur la Place du 13 mai, d’autres syndicats accentuent la pression. Les leaders syndicaux persistent et signent qu’ils ne cesseront de manifester sur le Parvis de l’Hôtel de ville d’Analakely tant que leurs revendications ne seront pas satisfaites. Mais, il n’y a pas que les revendications syndicales que le gouvernement de consensus doit résoudre en cinq mois. Il y a aussi les problèmes liés à l’insécurité. Des vols de bœufs continuent de sévir dans plusieurs parties de l’île. Les « dahalo » continuent de tuer et de voler des concitoyens. Bref, l’apaisement politique et social semble loin d’être acquis. Or, il est difficile, et le Premier ministre Ntsay Christian en personne ne cesse de le reconnaître, d’organiser une élection crédible, inclusive et transparente dans ces conditions.
Candidats aux présidentielles. Revenant sur le calendrier électoral fixé mercredi dernier par le gouvernement, les candidats potentiels ne se sont pas encore exprimés là-dessus. Le président de la République Hery Rajaonarimampianina, pressenti candidat du HVM aux prochaines élections présidentielles, qui se trouvait au Vatican au moment de la publication du calendrier électoral, assiste actuellement à Nouakchott (Mauritanie) au 31e Sommet de l’Union africaine. Marc Ravalomanana, candidat du TIM à cette élection, qui brille ces derniers temps par son silence radio malgré son apparition dimanche dernier à l’hôpital HJRA aux côtés des victimes de l’accident de circulation de Manalalondo, aura d’importantes rencontres cette semaine. Quant à Andry Rajoelina, il poursuit sa précampagne en provinces. En tout cas, le Premier ministre Ntsay Christian se trouve face à plusieurs challenges devant lui. Des challenges dont certains sont manifestement impossibles à relever étant donné que la lutte contre l’insécurité et la satisfaction des revendications syndicales exigent des moyens financiers conséquents.
R. Eugène